On retrouve le désormais célèbre label Blanc Manioc dans une nouvelle aventure, mais cette, fois-ci, il ne sera pas question de partir pour le Mali ou l’Afrique de l’Ouest, terre de prédilection de cette écurie menée de main de maitre par Dom Peter, pas question non plus de retourner à la maison, dans les terres lyonnaises qui ont vu décoller le label, et avant ça le groupe franco-malien Midnight Ravers, et encore avant ça le groupe de dub High Tone… Non, avec ce Walimzi qui vient de sortir, Dom Peter, le label, les amis du label, un tas de machines, de consoles et d’enregistreurs en tout genre ont pris la direction de l’océan indien, et de la petite île de Mayotte, pour une expérience qui est tellement ancrée dans le terroir mahorais que l’on pourrait dire qu’elle tient presque autant de l’agriculture que de la culture !
Faut dire qu’entre un label qui a un nom de tubercule, et un disque, Walimzi, dont le titre peut être traduit du Shimaoré par cultivateur, on sent à plein nez l’odeur de la terre mahoraise ! Par contre ce qui arrive à nos oreilles, là, c’est la vibration de Sarera. Sarera… disons un mot sur les hôtes de Blanc Manioc à Chiconi, petite ville mahoraise et grand marché des cultures métisses, et cosignataires de ce passionnant disque qu’est Walimzi. Groupe multigénérationnel né de la fusion de deux groupes locaux, Petit Klan et Ragnaou Dzoby, Sarera s’emploie à préserver la culture musicale de Chiconi et à faire vivre ses singularités et ses instruments, comme le gaboussi, petite guitare artisanale, le dzendze, la cithare mahoraise, et des percussions comme le m’kayamba et tout une diversité de tambours.
Mais si ce versant presque ethnomusicologique de l’œuvre est important, Walimzi n’en reste pas moins un EP de Blanc Manioc, alors, au côté des chants en shibushi, des raclements des kayambs, et de la danse des dzendze, viennent se glisser des cascades de basses, des synthés et des beats… virulents, pour ne pas dire violents. D’autant plus qu’ici, si Blanc Manioc passe dans sa moulinette électronique les trois titres de l’EP, « Tseki », « Tsindzaka », et « Laisse Moi Danser », une tripotée de DJ et de producteurs venants des quatre coins du monde, citons entre autres le français Praktika, les réunionnais de Pangar, la tunisienne Deena Abdelwahed, ou encore les globe-trotteurs Cornelius Doctor & Tushen Raï, s’invitent dans cette grande fête mahoraise pour une Face B qui… n’est pas de tout repos.
Donc, à vos bêches et à vos platines, avec ce Walimzi de Sarera et Blanc Manioc on défriche et on cultive tous le terroir musical de Mayotte !
Blanc Manioc x Sarera – « Tsindzaka » :
Blanc Manioc x Sarera – Walimzi :
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