N’yanyan de Rokia Kone, ou le soir où Bamako a basculé

Oui, on pourrait commencer ce post comme de nombreux autres post qui, on est sur, vont fleurir dans la presse pour nous annoncer la sortie prochaine de Bamanan, le futur album de la chanteuse malienne Rokia Kone, nous en vantant les caractéristiques tradi-modernes, les développements mandingues, ou encore en revenants sur le passage de la chanteuse au sein des Amazones d’Afrique, ou en louant le producteur de rock Jacknife Lee qui collabore avec elle sur cet album ; et si son nom ne vous dit rien sachez qu’il pèse dans le milieu, et qu’il peut se féliciter d’avoir déjà travaillé avec des artistes comme U2, R.E.M, Snow Patrol, Bloc Party, ou encore Taylor Swift. Oui, ou pourrait faire cela ! Ou, sinon on ne vous parle que de « N’yanyan », premier extrait du disque que vous pouvez dès à présent découvrir ci-dessous.

Une ancienne chanson malienne, et vous savez que quand on dit ancien au Mali, ça dépasse les années 80 ! On parle là en termes séculaires ! Une chanson qui parle de la mort, de l’acceptation, et des cycles de la vie, une chanson que Rokia veut adresser à ses concitoyens, et à tous ceux qui traversent des heures sombres. Une chanson qui habite les mots et les chants des griots depuis des générations, une chanson qui a vu des empires tomber et des royaumes se dresser, et une chanson qui aujourd’hui voit une nation vaciller. Quand Rokia Koné a enregistré cette chanson, c’était le 18 aout 2020, une journée qui a vu basculer un pays. Pendant que les militaires faisaient du grabuge à Kati, la grande base militaire aux abords de la capitale malienne dont part tous les grabuges, pendant que le premier ministre et le président étaient mis aux arrêts, pendants que les véhicules blindés paradaient dans les rues, et investissaient la colline du pouvoir et le palais présidentiel, le siège de la télévision nationale et les ondes des radios, Rokia chantait. En une prise elle a enregistré « N’yannyan », avant que l’électricité ne soit coupée, que le couvre-feu soit déclaré, et le coup d’État consommé, avant que la nuit qui a couvert le Mali, il y près de dix ans maintenant, ne s’assombrisse encore un peu plus… mais comme elle nous le rappelle avec cette chanson, tout à une fin, même cette funeste nuit.

Alors, pourquoi ne parler que de « N’yanyan » ? Puisque, déjà nous n’avons pas écouté le reste de l’album, mais la sortie de celui-ci n’étant prévu pas avant février prochain, on aura le temps de le faire et de vous en reparler, ensuite puisque l’histoire est belle, et surtout, car la chanson se suffit à elle même ! Et peu importe que le disque sur lequel elle figure soit bon ou pas, peu importe les tradi-modernité ou autre néologisme du genre, peu importe les Amazones qu’elles soient d’Afrique ou même de Guinée (bon peut-être pas quand même !), peu importe… Avec « N’yanyan », Rokia Koné et Jacknife Lee signent ce genre de chanson qui se suspend aux notes du synthé du producteur irlandais, à la voix somptueuse et vibrante de la chanteuse, mais qui surtout réussit à suspendre le temps et notre attention, ne vous en déplaise, au moins le temps d’une chanson.

Rokia Kone & Jacknife Lee – « N’yanyan » :

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