Ce soir, c’est le trio américain Son Lux qui a pris le contrôle de cette soirée pas comme les autres au Festival International de Hammamet…
22h. Ambiance joyeuse, le presque tout Tunis, celui de l’art, de la culture, et des soirées hypes, s’est donné le mot et se retrouve dans les gradins d’Hammamet, les retrouvailles et les discussions vont bon train, quand trois techniciens, discrets, rentrent sur scène, et partent chacun se positionner vers les instruments déjà installés… En même temps qu’une petite brise marine traverse l’hémicycle, des notes de pianos commencent à s’élever dans le ciel, accompagné par le bruit d’une mer un peu plus agitée que d’habitude. Oui, sans même attendre les derniers retardataires et l’extinction des lumières, c’est en fait le groupe américain qui a fait ainsi, très furtivement, son entrée, sur la scène du théâtre, devant un public un brin incrédule. Son Lux commence son office, et l’on sent déjà que la messe sera étrange !
Le clavier de Ryan Lott s’envole, tournoie, s’en va provoquer les saccades très déconstruites, pour ne pas dire très woke de Ian Chang à la batterie, la guitare de Rafiq Bhatia roule comme une basse, pousse des cris stridents, se débat avec la folie des éléments musicaux qui n’ont guère pris de temps à s’introduire. On est entre une approche autistique de la pop, et du jazz qui prend quelques libertés. On passe du requiem pour une valkyrie agonisante, à des solos de guitare qui auraient bien plu à Allan Holdsworth… ou à Tim Henson, au choix ! On explore le rock dans ses variantes les plus post, les plus maths, les plus électroniques, on frôle le glitch… ah non, ça c’est juste l’enceinte gauche du théâtre qui grésille sur les médiums dans l’indifférence générale depuis trois ans déjà !
Si Son Lux a un peu surpris avec son amorce sur les chapeaux de roues, presque à la limite du faux départ… oui, la speakerine avec ses présentations sont souvent un peu kitsch, mais bon on s’y était habitué, il ne leur a pas fallu longtemps pour convaincre l’auditoire d’osciller entre headbang lourd, réservé d’habitude aux soirées trip-hop ou dub, et applaudissements et cris d’approbation façon public de jazz.
Pas de jeux de scène très démonstratifs pour Son Lux mais une musique qui bouge beaucoup, qui crépite comme du popcorn, et dieu sait que popcorn et synthétiseurs font bon ménage, et des constructions sonores complexes et puissantes. Le trio a servi ses classiques sur un plateau, joué des chansons de leur dernier album et de la bande son du film Everything Everywhere All at Once… D’ailleurs, pour rebondir sur le titre de ce film dont ils ont assuré la bande son, on peut dire que Son Lux a été un peu Everything Everywhere All at Once ce soir, et que c’est une proposition plutôt rare dans le paysage musical tunisien que le FIH nous a offert.
Son Lux @ FIH2022 :
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[…] déjà susmentionné dans notre article sur le concert de Son Lux, et comme depuis bien trois ans déjà, l’enceinte de gauche continue de grésiller. Mais cela […]