D’Haïti à Madagascar, en passant par le Nigeria, le Mali et l’Ouganda, ce nouvel épisode de notre playlist La Classique ne va pas gâcher aujourd’hui ! Mieux même, elle trace un fil incandescent entre mémoire, transe et fierté. RAM convoque les esprits vaudou pour mieux soigner les cœurs, King Sunny Adé fait danser le juju sur les scènes du monde, le Super Biton réinvente l’hymne national malien avec des cuivres en fièvre, l’Orchestra Makassy murmure l’exil sur un tempo chaloupé, et Damily lâche les chevaux du tsapiky dans la poussière rouge de Tuléar. Une traversée où chaque morceau est une offrande, un cri, une célébration.
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RAM “Love isn’t Easy (Gede Zaryen)”, le coeur cabossé de Port-au-Prince // Haïti
Avec “Love isn’t Easy (Gede Zaryen)”, RAM nous entraîne dans une complainte en clair-obscur, où les tambours vaudou résonnent comme les battements d’un cœur cabossé. À Port-au-Prince, l’amour ne se chante pas au passé simple, il se vit entre deux mondes : celui des vivants et celui des esprits. Le groupe culte haïtien invoque ici Gede Zaryen, le lwa aux orbites vides mais à la langue bien pendue, pour dire les blessures intimes et les tourments de l’âme. Entre rock créole, incantations vaudou et fièvre sentimentale, RAM continue de tordre la douleur en transe, de faire parler les morts pour mieux comprendre les vivants.
King Sunny Adé “Ma Jaiye Oni”, le roi du juju à la conquête du monde // Nigeria
Sorti en 1982 sur l’album Juju Music, “Ma Jaiye Oni” marque l’entrée fracassante de King Sunny Adé sur la scène internationale. Avec ce titre, le roi du juju exporte le groove yoruba vers les clubs new-yorkais et les festivals européens, enveloppant les années 80 dans un voile de guitares hawaïennes, de talking drums et de synthétiseurs analogiques. “Je ne vais pas gâcher aujourd’hui” chante-t-il, comme un antidote dansant aux incertitudes de l’époque. En pleine effervescence post-coloniale, Adé célèbre la joie lucide, celle qui danse parce qu’elle sait.
Super Biton de Ségou “Tcha-tcho”, Ségou, le fleuve, la fête le combat // Mali
Avec “Tcha-tcho”, le Super Biton de Ségou fait résonner toute la majesté d’un Mali post-indépendance, en quête de fierté et de modernité. Sorti dans les années 70, ce morceau incarne l’âge d’or des orchestres nationaux, ces phares culturels nourris de traditions bambara, de fanfares coloniales réinventées et d’un soupçon afro-cubain. Ici, les cuivres chaloupent, les percussions s’enlacent, et les voix s’élèvent dans une transe maîtrisée, comme un appel à l’unité et à la mémoire. “Tcha-tcho” n’est pas une chanson, c’est une déclaration d’identité musicale, une archive vivante où chaque mesure raconte Ségou, le fleuve, la fête, et le combat.
Orchestra Makassy « Mosese », langueurs zaïroises en balade // RDC, Ouganda
Avec « Mosese », l’Orchestra Makassy tisse un fil d’or entre les rives de Dar es Salaam et les nuits brulantes de Kampala, où l’afro-rumba s’habille de cuivres langoureux et d’élégance swahilie. Sorti en 1982 sur l’album Agwaya, ce morceau incarne le panache d’un collectif panafricain où le charisme des chanteurs et des musiciens ougandais et zaïrois rencontre la finesse des arrangements du producteur britannique Norman Mighell. « Mosese » est un slow brûlant, une déclaration d’amour en rythme chaloupé, un hymne doux-amer à la diaspora est-africaine, entre la mémoire coloniale, la morsure de l’exil et la danse comme seule consolation.
Damily « Zaho Va », la braise incandescente du tsapiky // Madagascar
Dans « Zaho Va », Damily rallume la braise incandescente du tsapiky, cette musique effrénée née dans les rues poussiéreuses de Tuléar. Guitares affutées comme des machettes, groove secoué par des percussions frénétiques, chant qui fend la rumeur du monde : Damily livre un morceau à la fois rugueux et solaire, entre urgence vitale et héritage sacré. « Zaho Va » n’invite pas seulement à danser, il invoque les ancêtres, les routes rouges, les veillées d’hier et les révoltes d’aujourd’hui. Une cavalcade sonore à l’énergie brute, indomptable, profondément malgache.
Djolo – La Classique :
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