Dans une Tunisie somme toute un peu morose, où les musiciens se retrouvent rapidement coincés entre la tentation d’aller cachetonner dans les mariages ou de devoir composer avec le jeu très statique des festivals et événements organisés par des établissements étatiques aux allures staliniennes, Imed Alibi, percussionniste et figure de la culture en Tunisie, rencontre le producteur et pilier de la scène électronique tunisienne Khalil Hentati, plus connu sous son petit nom de EPI, sur un album qui étire les contours des musiques populaires tunisiennes jusqu’aux confins d’une Afrique électronique, qui par le nom même de l’album, Frigya, veut renouer avec son essence originelle !
Ainsi, avec ce Frigya de Imed Alibi et EPI qui vient de paraitre sur le label Shouka, les rythmes anciens voient leurs cardio s’emballer. Le mezoued, la vibration et le stupre des cabarets, les appels bédouins, et les pulsations des montagnes du Nord-ouest tunisien, se font happer par un tourbillon électronique qui plane au-dessus des dancefloors globalisés.
Des basses puissantes et rondes, la batterie et les percussions qui s’échappent et tranchent, incisent et fendent le tissu synthétique de l’album, là, un violon d’une célébrité locale, Zied Zouari, pointe le bout de ses cordes, et puis les kicks et beats reviennent convoquer les géants de la bass music ! Ce disque prend appui sur les cultures musicales et rythmiques tunisiennes pour tenter de replacer le pays sur la carte des musiques contemporaines et faire la jonction entre l’Afrique, la Frigya des antiques, et le monde arabe, moyen-oriental, qui a laissé son empreinte sur le nord du continent (aussi un peu à l’est, hein, mais ça, c’est une autre histoire !), et la scène électronique, le grand soundsystem mondial. Un voyage, donc, berbère et bédouin, citadin et rural, arabe et africain, électronique et organique, mais surtout tunisien.
Imed Alibi & Khalil EPI – Frigya :
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