Avant de commencer toute chose, on tient à s’excuser pour le titre un peu réducteur de ce post, car s’il était facile de coincer le dernier album de la chanteuse et contrebassiste Selene Saint-Aime quelque part entre le jazz et le vaudou… il y a en réalité tout un panel d’influences, de sons, et de musiques, bien plus large et raffinées que cela qui font leurs apparitions sur Potomitan…, oui, le disque s’appelle Potomitan…, ce qui d’ailleurs nous renvoie directement au vaudou, car le potomitan est dans les oufos, les temples vaudous, le pilier central qui soutient toute chose (et bien sûr avant tout le temple !) ; mais c’est aussi une allégorie à la mère, celle qui au centre du foyer, enfante et soutient la vie familiale.
Mais revenons au poteau-mitan qui nous intéresse aujourd’hui celui de Selene Saint-Aime… c’est un voyage dans les Caraïbes très sensible et personnel. Né du confinement qu’a passé l’artiste en Martinique, auprès de sa famille, et notamment de sa grand-mère, il se veut comme une ode aux cultures caribéennes, mieux, comme un genre de syncrétisme pancaribéen, capable de tournoyer dans les tambours du gwoka guadeloupéen, capable de s’élever porté par le bélè martiniquais, capable de frayer avec les divinités, et les orishas du vaudou, capable de danser entres les cordes des violoncelles, capable de s’incliner avec quelques mots en swahili à la mémoire des Arawaks, premier peuple indien des caraïbes, et éradiqué par les premiers colons, et puis… capable de dévoiler ce jazz singulier, vecteur moderne d’une émotion qui dépasse les frontières géographiques, les souffrances, et les peuples.
Et puis, on ne va pas tergiverser… c’est bien fait ! Selene Saint-Aime sort un bel album avec ce Potomitan, il est trouble, raffiné, subtil, lumineux aussi, il est ce potomitan autour duquel le soleil cherche à tourner pour qu’enfin l’avenir commence, comme dirait l’ami aimé.
Selene Saint-Aime – Potomitan
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