Concert tunisien de sœurs et de cœur avec Ibeyi à Hammamet

Ce soir, malgré les fortes et pesantes chaleurs qui assaillent le pourtour méditerranéen sans, bien sûr, épargner la petite cité balnéaire d’Hammamet, le public s’est traîné jusqu’au théâtre de plein air, en espérant attraper un peu de brise venant de la mer qui borde les gradins, mais à défaut de souffle marin c’est celui des sœurs jumelles d’Ibeyi qui a envahi l’appesantit, mais encore joyeux et vaillant Festival international de Hammamet.

Une entrée en matière tonitruante, façon Karpe, ou Al Qadiri en intro de Beyoncé, roulement de tambours et de basses façon montée de ring, bon bien sûr il n’y a pas eu la pyrotechnie de Karpe, les écrans de Beyoncé, et les gants de Mohamed Ali, mais on s’en tire quand même à bon compte avec Ibeyi !

Des échos plus jazzy et sensibles des chansons issues de leur premier album éponyme aux grosses instrus trap, avec des basses qui drillent dans les infra, de leur dernier Spell 31, en passant par des claviers parfois un brin synthwave, et souvent latins, les deux sœurs ont passé en revus les grands moments de leur carrière, qui, mine de rien, approche des dix ans. Elles ont enchaîné l’intimiste « Ghost », l’immortel « Deathless » avec son puissant refrain,  et puis celui non moins efficace de « This is Not America » avec son si quieres mi machete, él te muerde repris en chœur comme un hymne pop par un public qui, si dans sa tête se pense à moitié cubain, il suffit de le voir s’emballer et se lever pour danser sur chaque montuno, ne comprends pas forcément toutes les subtilités de l’espagnol.

Mais, pas besoin de comprendre ni l’espagnol, ni l’anglais pour comprendre la musique d’Ibeyi, et d’ailleurs le public ne s’y est pas trompé, et n’a pas manqué de crier et de chanter tout du long du concert, faut dire que Lisa-Kaindé et Naomi Diaz ont su se mettre le public dans la poche dès qu’elles ont mentionné que leur grand-mère, tunisienne, était venue dans l’auditoire avec ses amis d’enfance !

Après les hymnes de popstars latines, les danses endiablées, les subtiles harmonies vocales, c’est dans la sueur et les larmes, enfin celles de la chanson « Tears Are Our Medicine », que les deux sœurs ont mis fin à un concert qui fut… malgré l’absence de Beyoncé et de Mohamed Ali, joli ! Enfin… oui… bien sûr, il y a eu comme presque à chaque fois l’embarrassant moment où la direction du festival veut offrir des bouquets de fleurs aux artistes, charme un peu désuet certes, mais qui surtout a le don de toujours tomber au mauvais moment, soit avant un rappel, soit comme ce soir, alors que les musiciens s’apprêtaient à saluer leur public… et, oui, Naomi Diaz s’est pris le bouquet de fleurs en plein visage !

Ibeyi – Live au Festival International de Hammamet :

PS: Malgré le joli concert, il faut aussi rappeler ici qu’en ce moment en Tunisie, loin des échos joyeux de la saison des festivals d’été, le président Kais Saied et les autorités tunisiennes, avec le silence si ce n’est la complicité du peuple tunisien, et la complaisance des autorités européennes, sont en train de déporter des hommes et des femmes, des enfants aussi, puisque noirs et subsahariens, dans le désert, sans eau ni nourriture, en les volants et en détruisant leurs téléphones pour qu’ils y meurent en silence.

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