Dans la fièvre des balani de Bamako avec MC Waraba & Mélèké Tchatcho

Si vous avez déjà été à Bamako, peut-être un jour, ou plutôt un soir, au détour d’une sombre rue de latérite rouge, après avoir laissé derrière vous les éclats de rire de ce groupe d’hommes assis sur de mauvaises chaises, en train de refaire le monde, ou, non, de faire le grin, autour d’un thé mousseux, vous avez pu attraper une drôle de fièvre. Non ! ne criez pas déjà au palu, fût-il petit. Ce genre de fièvre dont nous vous parlons, elle ne vous cloue pas au lit, ce genre de fièvre elle vient plutôt tambouriner dans votre cœur et dans vos oreilles, et vous fait bondir sur vos jambes. Faut dire que cette fièvre-là, elle vous attend au coin de la rue, non, pas celle-là, celle d’après, près du grand terrain vague, où quelques lampadaires jaunes viennent dessiner les façades ocres des maisons et projeter les ombres de manguiers, sur le terrain où cet après-midi encore une dizaine d’enfants jouaient au football avec un ballon plus recousu et retouché qu’une robe de créateur capricieux.

Mais ce soir, ce soir-là, les amateurs de ballons ronds ont troqué leurs crampons pour des souliers pointus, des pointinini bien vernis, car ce soir c’est la fête, ce soir c’est la fièvre. Plus vous vous rapprochez du dansant attroupement qui s’est formé autour d’une étrange machinerie et de grosses et vieilles enceintes, plus vous êtes attiré par cette folle chamade qui est émise par les baffles. Oui, on est bien loin des murs de son érigés par les raveurs européens, ici, la musique crachote tranquillement, crépite au bon vouloir des membranes usées des haut-parleurs. C’est le royaume du lâcher-prise, de la débrouille, et de la fête, c’est le balani !

Et si vous n’avez jamais été à Bamako, et que vous n’êtes jamais tombé, au coin d’une rue, sur ce genre de fête, MC Waraba & Mélèké Tchatcho — le duo qui a éclairé de son hip-hop les compils Balani Bass de Sahel Sound, autant que les tracks de Midnight Ravers — ne vont pas tarder à vous initier à la chose, avec leur nouvel album Suprême Talent Show, qui débarque très prochainement chez Blanc Manioc, et Jarring Effects. Attendez-vous à un déferlement mandinguo-futuriste, à des kilomètres de beats survoltés à la mode shangaan electro, à une valse de balafons décomplexés (mieux vaut les balafons que la droite), à des contrefaçons de synthés congolais bien baveux qui viennent ponctuer la fête façon ndombolo, à un dialogue de tambours bien bavards, à du rap en bambara qui nage en eaux vocodées… en gros un tourbillon fiévreux de voix, de mélodies, et de musique, qui va vite et qui va bien. Mais attendez-vous aussi à un album à l’image du Bamako d’aujourd’hui, une épopée malienne moderne, qui dépeint une jeunesse qui a un gout pour la fête et la légèreté, mais derrière laquelle pèsent aussi les monstres de l’Afrique d’aujourd’hui, avec la corruption, l’hypocrisie, et la superficialité.

Et en attendant d’être pris par la fièvre du balani à la sortie du disque le 19 avril, tâtez la température de ce tourbillonnant bain bambara, avec le clip du titre « Yayoroba » qui vient de sortir, un hymne à la drague, et aux dragueurs, à prendre au second degré ! Et pour la réalisation de ce clip, MC Waraba & Mélèké Tchatcho n’ont rien trouvé de mieux à faire qu’ériger leur propre podium, leur propre balani, dans la rue, juste en face des studios photos du célèbre Malick Sidibé !

MC Waraba & Mélèké Tchatcho – « Yayoroba » :

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