Pour le chanteur jamaïcain Protoje et ses Indiggnation, l’aventure tunisienne qu’il a achevée avec un show mémorable sur la scène de l’amphithéâtre d’Hammamet ne s’est pas déroulée sans anicroche.
Tout a commencé par leur arrivée à l’aéroport de Tunis… imaginez un peu la tête des douaniers tunisiens (un pays, rappelons le, où les autorités passe plus de temps à traquer quelques fumeurs de cannabis, qu’à collecter l’impôt, surtout lorsqu’il concerne les plus privilégiés) quand ils ont vu descendre de leur avion une bonne douzaine de Jamaïcains, avec dreadlocks, vêtements rastafari et tout le tralala !
La deuxième contrevenue rencontré par Protoje c’est le théâtre, non pas que l’endroit ne soit pas assez bien pour les stars du revival reggae, bien au contraire ; d’ailleurs qui pourrait se plaindre de la vue imprenable sur la mer, et la Médina d’Hammamet qui scintille la nuit de l’autre côté de la baie. Non le vrai problème, c’est que malgré la célébrité du groupe qui n’est plus à prouver, l’amphithéâtre est resté ce soir à moitié vide. À quoi est ce dû ? Bonne question ! Peut-être à la hausse du prix de la vie qui décourage les Tunisiens d’acheter des billets de spectacles, peut être aussi à cause de la communication du festival qui, malgré 54 ans d’existence, semble rester un peu amateur.
Mais, quoi qu’il en soit, tous ces petits inconvénients n’ont pas empêché les indiggnation de délivrer un spectacle exceptionnel ! Il faut dire que le public, même réduit à moitié, s’est montré à la hauteur de l’événement, dès que les musiciens sont montés sur scène, ils ont été accueillis par un public debout, et les cris et les « jah rastafari » ont commencé à fuser de toute part.
Tandis que Protoje et le groupe (formé par deux guitaristes, un bassiste, un batteur, un claviériste, et deux choristes/danseuses) se sont appliqués à distiller presque tous les genres de reggae — du traditionnel roots reggae engagé, au lover rock infusé de touches RnB, en passant par le rub-a-dub, et par un son plus funky soutenu par du vocodeur (…du vrai vocodeur, celui qui groove comme sur les chansons de Bootsy Collins, de la vraie voix synthétisée qui pourrait faire aimer la Californie à n’importe quel rappeur de la east coast) — différents types de danseurs ont commencé à émerger dans le public.
Il y a les couples de professionnels synchrones et techniques, les patauds transcendés qui balancent leurs épaules maladroitement de gauche à droite, appuyés sur leurs jambes raides vissées dans le sol, les timides assidus qui dodeline tranquillement de la tête en attendant les consignes du chanteur, « put your hands up », « jump, jump », qu’ils s’emploient à exécuter scolairement, et tous les autres, qui contribue à faire onduler les gradins du théâtre au rythme des basses, et du contrepoint des guitares
Autre temps fort du concert, c’est quand Protoje, sautillant devant le public conquis, à commencé à entamer le…
— coupure de la sono, la batterie résonne seule dans le grand amphithéâtre, encore un nouvel aléa —
Mais heureusement, l’interruption technique n’a pas duré, à peine le temps pour Protoje d’aller poser sur quelques selfies dans le public. Il peut reprendre en haranguant la foule sur un sujet qui lui est chère, et qui trouve un écho tout particulier chez les Tunisiens, la corruption.
Car c’est comme ça que l’on pourrait résumer ce concert de Protoje au Festival International de Hammamet, une juste communion avec le public oscillant entre chansons romantiques, chansons engagées, et chansons festives.
Malgré tous les aléas précités, Protoje, envers et contre tous, et grâce à l’aide d’un public tunisien dynamique, vraiment ouvert et sympathique, a transformé cette soirée en grande fête reggae !
Protoje – Live à Hammamet :
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