TRMBA, la sombre invocation électronique et créole d’INSULA

Quelle curieuse affaire que ce TRMBA d’INSULA ! D’ailleurs, prononcez tromba, il s’agit là d’un mot malgache qui désigne un rite cérémoniel durant lequel un individu va se laisser posséder par des esprits anciens, et permettre ainsi la communication avec l’outremonde. Cela étant dit… on se demande bien combien d’esprits, de démons et de fantômes ont bien pu prendre possession du corps et des machines du producteur réunionnais INSULA sur cet album !

Petite trombe électronique, sans mauvais jeu de mots, ce Tromba qui va sortir à la fin de ce mois sur le label mauricien Babani Records (oui, esprits malgaches, artiste réunionnais, et maison mauricienne, c’est tout l’océan indien qui s’est donné rendez-vous ici), est un grand verre de rythmes que l’on remplit en toute hâte, et que l’on boit encore plus vite, un cocktail de sons et d’influences en tout genre.

Dès les premières notes, ou plutôt dès les premières percussions de cet album, on se laisse cueillir, Réunion oblige, par les rythmes revisités du maloya. On a le sentiment d’être sorti du kabar un peu saoul, et d’être tombé sur une de ces grandes planches de lavage que nos mamans utilisaient au lavoir, et de se faire lessiver par des beats, de se faire savonner et frotter à grand coup de pulsions créoles. Puis, un peu rincé, par ce traitement pour le moins efficace, c’est d’autres voix qui se mettent à nous appeler dans ce TRMBA.

Oui, il y a quelque chose dans les sons utilisés ici qui est… régressif, qui rappelle aux premières heures de la musique électronique, avec des basses rondes et puissantes qui nous appellent depuis une plage de Miami. Mais, à peine habitué à l’ombre de ces nouveaux palmiers, voilà qu’un cortège de tambours électronique glisse dans un fracas qui approche la batucada vers les denses et mystérieuses jungles d’Amérique du Sud, à la rencontre de nouveaux esprits, ceux des chamanes jaguars, les gardiens de l’Amazonie, les Yuriparis. Et, à peine commence-t-on à s’abandonner aux secrets de la forêt et à leurs diables, que voilà que d’autres Indiens nous appellent à eux. Des voix et des guimbardes nous tirent par les oreilles jusqu’à nous ramener sur le versant le plus asiatique de l’océan indien.

Esprits malgaches, gardien de l’amazone, souvenir d’un club américain, fantômes de l’Indochine et vapeurs d’un maloya électronique qui tend vers l’afrofuturisme, ou plutôt vers un futurisme créole, plus que de nous faire communiquer avec les ancêtres, ce TRMBA de INSULA nous aura fait voyager et… danser !

INSULA – TRMBA :

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