Un souffle électronique qui bruisse comme le vent dans un champ de cannes, le bourdonnement d’un synthé modulaire, les saccades, les beats et les rythmes qui viennent rouler sur le rivage de la Réunion, en provenance de Detroit, de Kingston ou d’ailleurs, avant de se faire eux-mêmes happer par le roulèr du maloya, de se faire piker par la fameuse cadence en 6/8… Voilà à quoi il faut vous attendre avec cette sortie, ou plutôt cette re-sortie en version rallongée, du disque The electro Maloya experiments of Jako Maron de… bah… oui… de Jako Maron, chez Nyege Tapes !
Dans ce double vinyl, originellement paru en 2018, l’artiste réunionnais nous conte, à sa manière, en la trifouillant du bout de ses machines, en la poussant dans un grand mixeur sonore, l’histoire du maloya. Ce genre musical réunionnais né dans les exploitations coloniales françaises, dans les communautés esclaves malgaches, et qui, depuis, n’a eu de cesse de s’enrichir, auprès des travailleurs indiens immigrés, auprès des colons blancs, auprès de toutes les influences musicales qui ont envahi l’ile dans la deuxième moitié du XXe. Ce genre musical dont l’histoire est intrinsèquement liée à une quête effrénée de liberté, s’affranchir de l’esclavage, s’affranchir de la colonisation, s’affranchir de la métropole. Un tel désir de liberté que cela a longtemps tellement paniqué les autorités françaises que le maloya fut interdit à La Réunion jusqu’en… oui jusqu’en 1982 !
C’est toute cette histoire faite de migration, de violence, d’ivresse, et aussi de fêtes, c’est cette plongée dans un étrange kabaré, qui relie les roulèr, les pikers et les kayambs des premiers esclaves, aux tambours électroniques d’une nouvelle génération de réunionnais qui a fait de cette histoire une force, que raconte ici Jako Maron.
Jako Maron – The electro Maloya experiments of Jako Maron (Expanded Edition) :
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