RastaPasta dresse une anthologie du mystérieux Frank Kakra

Il y a des musiciens dont la musique semble parler plus fort que leur biographie, et Frank Kakra est l’un d’eux, d’autant plus qu’il s’agit là d’un de ses noms de scène… son vrai nom lui reste un mystère de l’histoire. Mais revenons à ce nom, Frank Kakra, ou De Kakra, c’est un nom qui flotte dans les marges des livrets poussiéreux des vinyls de l’âge d’or du highlife ghanéen, entre une ligne de chœurs et un break de congas, entre le Vis-A-Vis et les Cubano Fiestas de K. Frimpong. On devine un choriste de l’ombre, un percussionniste discret, un alchimiste des grooves jamais tout à fait dans la lumière, mais dont les arrangements ont infusé les tubes des années 70 d’un éclat particulier. Avec Finding De Frank, première sortie du label RastaPasta Records, ce mystère se mue en quête sonore : celle d’un musicien insaisissable, mais fondamental, dont les grooves résonnent encore dans la moiteurs des soirées de Kumasi ou d’Accra.

Car De Frank ne se limite pas à un héritage, il est un souffle, un style. Un mélange incandescent de highlife furieux, de funk psychédélique, de soul soyeuse et d’orgues cosmiques, une pulsation afro à la fois enracinée et voyageuse. Dès “Call Me Frank”, le disque vous attrape par le col : guitares tranchantes, basse en embuscade, groove rugueux, presque sale, qui évoque une Afrique de l’Ouest en pleine ébullition post-indépendance, dansante, libre. Un Afro-rock de bal poussiéreux, où chaque riff semble inviter les esprits à entrer dans la transe.

Mais Finding De Frank, c’est aussi le flirt avec une soul profondément américaine, à la fois intime et universelle. Sur certains titres, la voix chaude de Kakra plane avec une tendresse inattendue, presque samcookienne, presque gospel. Il y a là une mélancolie subtile, une prière dissimulée dans la brume des orgues et les contre-chants délicats, comme si Ray Charles avait pris le highlife par la main pour l’emmener à Harlem. On y sent la peine, l’exil intérieur, et la foi joyeuse d’un homme qui croit au pouvoir du son pour rassembler.

Cette anthologie, méticuleusement restaurée, est bien plus qu’une compilation : c’est une tentative de remonter la piste d’un génie discret, de réécrire l’histoire d’un musicien que le Ghana n’a jamais oublié, mais dont le monde avait égaré le nom. Un disque pour ceux qui aiment creuser les grooves autant que les histoires. Pour ceux qui dansent avec les fantômes. Et si De Frank nous échappe encore, sa musique, elle, ne cesse de nous retrouver.

Frank Kakra – Finding De Frank :

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