Accompagné par son orchestre Osemako, et depuis la France, Muyiwa Kunnuji, cet ancien du fameux orchestre Egypt 80 qui a repris le flambeau d’une musique érigé à la fois comme un monstre du dancefloor, mais aussi un monstre politique, est de retour avec la sortie d’un second album, A.P.P (Accumulation of Profit & Power).
Le trompettiste nigérian fait souffler son instrument dans les sillons de son idole, Fela Kuti, et déploie un afrobeat efficace, qui laisse tournoyer les guitares dans des rondes hypnotiques, flotte sur une marée percussive, tranche à grand coup de cuivres… oui du bon afrobeat quoi ! Mais pas si puriste que ça non plus, puisque, au fil des morceaux qui constituent cet A.P.P (Accumulation of Profit & Power), on se laisse gagner par quelques vapeurs de highlife venu du Ghana, par d’habiles passes d’armes congolaises, des souvenirs sud-africains, ou quelques pas afro-cubain. De la même manière que les mots trébuchent entre le yoruba et l’anglais, s’attardent sur un peu de français.
Mais ce qui est sur, c’est que si les mots passent d’une langue à l’autre, rebondissent sur les chœurs, leurs sens, lui, ni ne titube, ni ne faiblit. Manifeste aussi bien afrobeat-esque qu’anticapitaliste, ce A.P.P (Accumulation of Profit & Power), s’affronte aux affres de l’Afrique moderne, à ces géants qui reposent leur opulence sur les épaules de peuples exploités, à ces dirigeants qui se font donner du « mon excellence » par ci et par là, alors qu’il n’y a rien chez eux qui excellent plus que leur corruption… enfin, vous savez quoi, le capitalisme, et l’accumulation des profits et du pouvoir.
Muyiwa Kunnuji & Osemako – A.P.P (Accumulation of Profit & Power) :
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