Le bruissement des couleurs des foulards et du burnous, une main qui étend ses doigts vers la droite, à gauche le poignet accompagne le repli des doigts sur la paume, une épaule qui se courbe, et se plie, un corps qui ploie, oscille d’une jambe à l’autre, un genou qui se soulève pour éviter l’angle rond d’un fauteuil façon Panton… le sable du désert marocain se soulève dans un salon scandinave au design minimaliste, et le Magic Spirit Quartet de Majid Bekkas entre dans la danse !
Sur son dernier album, l’aventureux maalem marocain Majid Bekkas convoque les esprits anciens, ceux du gnawa et ceux du jazz, et d’autres, plus récents, et nettement plus vivants, ceux du Magic Spirit Quartet et ses musiciens, c’est-à-dire le trompettiste croato-suédois Goran Kajfeš, accessoirement leader du Subtropic Arkestra, orchestre avec lequel il avait déjà collaboré avec le maestro chérifien, et de cet orchestre qui balance entre jazz nordique et des tropiques plus ensoleillés, vient aussi le clavier suédois de Jesper Nordenström, et, pour clore cette quadrature, un dernier explorateur nordique, le batteur danois Stefan Pasborg. Et quel album que ce Magic Spirit Quartet ! Oui, avec une telle qualité, le nom du quatuor suffira bien à nommer l’opus !
Grand maître des cordes, Majid Bekkas fait vibrer toutes ses cordes, celles de son oud, de sa guitare, et surtout celle de son magique guembri… un vent chaud qui vient ébranler tout le cordage de ce navire nordique en eaux marocaines, du grelin d’amarrage aux haubans qui tendent le mat au bastingage. Des cordes qui égalent à caresser avec douceur les variations subtiles du minimalisme scandinave, qu’à s’emballer dans un grand tournoiement antique, ou elles résonnent comme une main qui claque la peau tendue d’un formidable tambour.
Et de tambour, aussi, il en est question sur ce disque qui vient de paraître chez ACT. Stefan Pasborg, aux commandes de ses percussions, incise avec sa batterie, louvoie entre les tonalités de ses gongs, et danse au cœur des variations subtiles du rythme du gnawa.
Un grand bal de rythmes et de cordes, de sons et de transe, dans lequel Jesper Nordenström et Goran Kajfeš plonge, clavier et pavillon en avant ! Ils carillonnent, soufflent, montent, tapent, glissent, montent et descendent, reprennent leur souffle, se font happer, avant d’aspirer vers les cieux cette curieuse échappée qui relie le nord et le sud, la Scandinavie et l’Afrique, le temps du cri splendide d’une trompette, d’une montée de piano aux accents électriques !
C’est beau, hypnotique, et intense… la transe du Magic Spirit Quartet s’invite dans vos oreilles avec ce disque sublime de Majid Bekkas et ses acolytes… ne ratez pas ce moment !
Majid Bekkas – Magic Spirit Quartet :
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2 Comments
[…] ses machines tout une rangées d’instruments divers et variés, allant d’une calebasse, à son guembri, d’une basse à des dun dun (mais si vous savez bien, les fameuses percussions parlantes […]
[…] les clichés ! Sinon c’est vrai que le son de Bab L’Bluz est inspiré par le désert, par le gnawa et tout un tas d’autres trucs, allant du rock américain qui se joue avec un chapeau et des bottes […]