Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série « L’instant vinyl », cette rubrique dédiée aux pépites du passé, où nous dépoussiérons et partageons avec vous des disques qui ont marqué l’histoire de la musique. Et pour ce cent-huitième opus, nous quittons le Maroc (cf. l’instant vinyle n° 108), pour nous rendre au Bénin, et y découvrir le disque Affaire Taigla de Yedenou Adjahoui !
Ce disque qui nous occupe aujourd’hui, Affaire Taigla de Yedenou Adjahoui, est tout à la fois une subtile et complexe opération rythmique, un tour de chant, et un récit macabre… Oui, un récit macabre, la chronique d’un assassinat, celui du lieutenant de douanes André Léon Taïgla, un peu à l’image de ces célèbres présentateurs d’affaires criminelles, à l’instar de Christophe Hondelatte, Jacques Pradel, ou Pierre Bellemare… enfin en plus chantant tout de même ! Yedenou Adjahoui s’emploie ici à nous compter ce sordide fait divers qui, au tournant de l’année 70, a passionné la société béninoise. Et si vous ne comprenez pas le gun-gbe, la langue de Yedenou, sachez que cette Affaire Taigla, c’est le récit de ce lieutenant de douane fomenté par son épouse et son amant, dans le but d’hériter de ses biens. Ils ont engagé des tueurs à gages, qui après l’avoir raté avec un pistolet de fabrication artisanale se déchaînèrent sur lui avec différentes armes contondantes, machettes, gourdins et couteaux. Et s’ils ont bien eu l’idée de faire disparaître le corps dans l’océan… les malfaiteurs et les donneurs d’ordres se feront rapidement arrêter, et exécuter dans des conditions… qui glacent encore le sang des juristes et des défenseurs des droits de l’homme qui se sont intéressés à l’affaire.
Mais, au-delà du macabre, cette Affaire Taigla de Yedenou Adjahoui est aussi une bonne manière de découvrir l’art de ce musicien malheureusement encore fort méconnu en dehors des frontières du Bénin. Avec son style singulier qui lui vaudra le surnom de roi du Massègohoun, du nom d’un des rythmes dont il est passé maître, Yedenou Adjahoui chante et conte, raconte, au côté d’un ensemble folklorique essentiellement composé de percussions et de chœurs. Oui, un peu comme ses voisins nigérians de tradition musulmane comme le fuji, l’apala ou le waka, la musique de Yedenou s’axe principalement sur le jeu entre les rythmes pluriels des percussions et les voix.
Yedenou Adjahoui – Affaire Taigla :
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