L’instant Cassette : 69. Le folk revival marocain de Louz Tagada

Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série « L’instant vinyle », cette rubrique dédiée aux pépites du passé, où nous dépoussiérons et partageons avec vous des disques de notre collection. Et pour ce soixante-neuvième opus, nous quittons le Nigeria (cf. l’instant vinyle n° 68), pour nous rendre au Maroc, et y découvrir une cassette du Majmouat Louz Tagada.

Une fois n’est pas coutume, mais nous jetons aujourd’hui notre dévolu sur une cassette audio et non un vinyl, une petite entorse à la règle qui s’explique par la grande qualité de ce que nous allons vous présenter, c’est-à-dire une cassette du Majmouat Louz Tagada, autrement dit l’Ensemble Louz Tagada. Mais avant toute chose il s’agit de planter le décor !

Nous sommes au Maroc en 1971, la troupe de théâtre de Tayeb Saddiki (grand homme de théâtre marocain) vient de produire « Maqamat Badii Ezzaman al Hamadani » une œuvre autour des maqamat Ahmad Al-Hamadhânî (un écrivain du début du dernier millénaire), quand quelques membres de sa troupe décident de prendre leur envol en solo, et de créer un groupe musical… Tagada est né ! Il faut dire qu’ils ont pris l’exemple sur d’autres membres de cette même troupe, qui avait, l’année d’avant, créé eux aussi un groupe, aujourd’hui devenu culte, Nass el Ghiwane !

Dans un paysage sonore marocain des années 70 peuplé de cowboys rebelles en pantalon de cuir, de hippies barbus, et de chanteur de chaabi au faux air de Franck Sinatra, le groupe Tagada a trouvé sa place en s’inscrivant, tel ses grands frères de Nass el Ghiwane, de Jil Jilala, ou de Lemchaheb, dans le mouvement de folk revival qui traversait le pays alors.

Ainsi Tagada trouvera son inspiration dans l’art ancestral de la aïta, un courant poétique et musical né dans les plaines de Casablanca à Safi, qui chante le quotidien des tribus arabes, comme bédouines. Bien sûr ils moderniseront aussi le genre, en y incorporant de nouveaux instruments comme le banjo, ou la guitare électrique ; Mohammed Louz, le percussionniste du groupe se distinguera aussi par l’emploi de tout un tas de percussions et tambours aux origines variées, tels des tam-tams des bongos, ou encore des congas. Et pour rester conformes à la philosophie de leur aïta revisité, les membres du groupe adopteront comme costume de scène de grandes jellabas traditionnelles.

Le groupe Tagada a rencontré, et d’ailleurs rencontre toujours aujourd’hui un succès certain. Mais voilà dans le courant des années 90, alors que le groupe a clairement défini son identité entre aïta revisitée, avec ses fameux jeux de questions-réponses entre le chanteur principal et le chœur, et un chaabi dépouillé réduit à un échange lancinant entre le violon et les percussions, Mohammed Louz s’en va.

Et c’est là qu’intervient notre cassette du jour paru sur le label Sawt Ennachat en 1995, elle est le témoin de cette séparation du percussionniste du groupe qui est parti fondé son propre ensemble — bon, accordons-nous sur un point avant d’aller plus loin, ne vous attendez pas ici à une révolution — qui prendra le nom de — roulement de tambour, et c’est le cas de le dire ! — Majmouat Louz Tagada ! Et à l’instar du nom qui n’a pas connu un grand changement, la musique elle non plus restera dans la même lignée de ce que Louz faisait déjà avec Tagada.

 

Majmouat Louz Tagada – Sawt Ennachat :

Tracklist :
1. Derriya Kouni Mra
2. Atay Ya Loulid
3. Saêfni ya Rabi
4. Lalla Rkiya

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3 Comments

[…] Car malgré les artifices en tout genre, et les grands écarts commerciaux qui lui font prendre parfois des chemins très influencés par la pop libanaise ou le khaliji du golfe, Zina Daoudia, Hind Hanouni de son vrai nom, est une artiste complète, à la voix puissante et maitrisée, et qui joue également du violon. Il faut dire que si aujourd’hui elle est passée maitre en matière de chaabi, c’est-à-dire la musique populaire arabe, et de raï, Zina Daoudia vient à l’origine d’un registre traditionnel typiquement marocain, où le violon tient une place importante, l’aïta. […]

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