Il y a des monuments comme ça, qu’on imagine là pour toujours, parfois même on y fait même plus trop attention, et il arrive même qu’on les snobe, trop populaire, trop connu, trop comme ci, trop comme ça, et puis… il y a des jours comme le 12 septembre, non pas le 11 d’il y a 18 ans maintenant, mais le 12 de l’année dernière, le 12 septembre 2018, ou par une dépêche de presse on apprend que le monument s’est effondré, qu’un feu couvait en lui depuis des années maintenant, et qu’il a fini par avoir eu raison de cette célèbre charpente de guingois, qui pourtant a su tenir debout contre vents et marée depuis 59 ans… Rachid Taha est mort.
Oh bien sûr, comme pour tout monument qui s’effondre certains se diront qu’on peut le reconstruire avec de nouveaux matériaux, plus autotunés, qu’on peut lui donner un nouveau sens, puisqu’après tout c’est vrai que l’ancien était un peu bordélique, qu’il ne servait pas vraiment le récit national, ni d’un coté ni de l’autre. Et puis quoi ? C’est vrai, non ? Pourquoi en faire tout une histoire, avec ses frasques et son attitude de travers, il n’était pas si beau ce monument, on a mieux aujourd’hui, mieux coiffé, mieux ordonné, mieux habillé, pourquoi tout ce baroud d’honneur pour ce vieux grognard de la musique chaabi… on ne sait même pas si on doit l’honorer en blanc et vert, ou en bleu blanc rouge. Incapable de choisir son camp celui-là.
Et puis, non, en fouillant dans ce qu’il nous a laissé, les cartes de séjour et les Diwan, les Made In Medina et les Tekitoi, en fait on se rend compte qu’il nous manque, qu’il était important, que son camp il l’avait choisi, c’était celui du chaabi, c’est à dire du peuple, c’était celui de la liberté et de la folie, et puis aussi celui de l’Afrique. C’est en tout cas son dernier message. Un peu avant de mourir, Rachid Taha était au Mali pour y enregistrer un nouvel album, Je suis Africain, il sortira à titre posthume en septembre.
On peut en découvrir dès aujourd’hui un premier clip, celui du titre éponyme de l’album, « Je suis Africain ». Et tandis que Rachid rend hommage sur la chanson à tous ces grands personnages de l’histoire africaine qui l’ont guidé, de Thomas Sankara à Mandela, en passant par Amadou Hampaté Bâ et Frantz Fanon, le clip, lui, accueille bon nombre de sa famille et de ses amis – citons entre autres Femi Kuti, Benjamin Biolay, Lyès Taha, Catherine Ringer, Mouloud Achour, Brian Eno, Oxmo Puccino, Jeanne Added, Mouss et Hakim de Zebda, Damon Albarn, ou encore Agnès B – qui sont, par leurs apparitions, venus rendre un dernier hommage à ce monument du peuple d’Afrique et de France, Rachid Taha.
Rachid Taha – « Je suis Africain »
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