Sorti en 1975 dans un quasi-anonymat, Ken Andi Habib de Freh Khodja revient aujourd’hui plus éclatant que jamais, ressorti des bacs poussiéreux de La Voix Du Globe par l’orfèvre digger Cheb Gero et les activistes du groove de chez Wewantsounds. Et on ne parle pas ici d’un simple disque de collectionneur à mettre sous cellophane entre deux éditions rares de Fela. Non, on parle d’un ovni sonore, d’une foudre tropicale tombée sur le Paris des années 70, un truc aussi inclassable que jouissif.
À l’écoute de cette réédition, on peut se sentir un peu perdu. On ne sait plus si on est à un mariage à Constantine ou à une fête de village en Bosnie-Herzégovine, dans la chaleur toute colombienne d’un concert de cumbia ou dans la moiteur d’un cabaret d’Alger, en train de danser à Oran ou à un carnaval sur les îles au vent. Saxophone fougueux, cuivres lumineux, chœurs sucrés salés, groove capverdien, funk transpirant et mélodies arabes entremêlées : Ken Andi Habib explose les frontières musicales comme on fait sauter les murs d’un club trop étroit pour contenir tout ce feu.
Né à Sidi Bel Abbès, formé à Paris, Freh Khodja incarne cette génération d’artistes déracinés qui ont composé avec l’exil en enregistrant des chefs-d’œuvre hybrides, souvent ignorés à leur sortie, redécouverts bien plus tard par les diggers en manque de chaleur analogique et de sueur acoustique. Accompagné du groupe Les Flammes (un orchestre de musiciens en exil, notamment capverdiens) et des chanteurs du groupe El Salem, Freh Khodja balance huit titres aussi dansants que poétiques, entre coladeira, funk psyché, et chanson en darija.
Ken Andi Habib, c’est plus qu’une réédition. C’est une réhabilitation. Un rappel que l’Algérie des années 70, en exil ou non, dansait elle aussi sur les grooves du monde. Et que Freh Khodja, sax en main, en était l’un des guides les plus piquants.
Freh Khodja Ken Andi Habib :
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