Il y a des hommages qui fleurent bon la naphtaline. Et puis il y a Se Segura de Laíz & The Love Experience, qui déboule avec une dégaine de manifestante funk, perchée sur une ligne de basse 70’s et prête à cramer l’héritage colonial à coups de groove et de congas. Oubliez les reprises fades pour collectionneurs de vinyles sous blister : ici, c’est du respect qui transpire, oui, mais avec du culot, du style, et un petit doigt levé bien haut vers les nouveaux empires de la thune.
Laíz, révélation rap-jazz de 2024, ne s’incline pas devant Jorge Ben Jor et le Quarteto Em Cy — elle leur répond. Elle détourne « Salve o Verde », ce vieux cri écolo qui priait pour les arbres, et en fait une ode à l’urgence sociale : aujourd’hui, c’est plus la forêt qu’on rase, c’est les rêves. Le vert, c’est plus la chlorophylle, c’est la money, le cash, le bif’ — celui que les puissants entassent pendant que le monde crame.
Avec une voix qui navigue entre saudade soul et spoken word affûté, Laíz tisse un morceau hybride, tordu dans le bon sens du terme. Elle convoque Pachakuti, Eric Owusu (de Jembaa Groove) aux congas, et toute une clique de musiciens qui transpirent l’amour du son organique. Résultat : un groove flou, chaleureux, qui sent Rio, Lagos, et un peu Londres quand même.
Et parce qu’un bon bordel ne vient jamais seul, Se Segura se paie un remix musclé signé The Allergies, qui ne lésine pas sur les drum breaks, les handclaps, et les BPM qui suent à grosses gouttes. Une version plus courte, mais qui cogne comme un pavé dans un meeting de Davos.
« The structures are falling, so hold on to something » : le monde s’effondre, alors accrochez-vous. À la musique. À vos cultures. Et surtout à ce genre de morceaux qui rappellent qu’on peut danser sans fermer les yeux.
Laíz & The Love Experience Se Segura :
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