Gyakie embrasse toute sa dimension pop sur Sankofa

À 00h01, quand les lumières du monde vacillent et que les voix se taisent, Gyakie chante. Elle ne crie pas, elle chuchote, elle ne déclare pas, elle confie. Avec “Sankofa”, sa nouvelle offrande, la chanteuse ghanéenne révèle un pan plus intime, plus vulnérable, de son art — celui que l’on réserve aux heures les plus calmes, quand l’âme prend le dessus sur le masque.

“Sankofa” : en akan, ce mot-signature est un adinkra (symbole qui représente un concept ou un aphorisme), un appel à retourner chercher ce qui fut oublié. Mais ici, il ne s’agit ni d’un retour marketing aux sonorités rétro, ni d’un clin d’œil passéiste. C’est un cheminement intérieur, un pas de danse en arrière pour mieux avancer. Sur une production sobre et feutrée signée Eyram Gbewonyo — un complice de longue date — Gyakie pose sa voix comme on ouvre un journal intime. Loin des nappes surproduites ou des refrains trop lisses, elle laisse filtrer des failles, des doutes, des douleurs digérées. En fait on pourrait même tracer des analogies avec ces grandes épopées pop des années 90, avec des mélodies faciles, des émotions à fleur de partitions, et des refrains redoutablement efficaces… enfin tout ça à la sauce ghanéenne bien sur !

Le morceau marque le début d’un nouveau chapitre, prélude à son très attendu premier album After Midnight. Un disque façonné dans la solitude créatrice des heures tardives, entre prières maternelles et larmes contenues. “J’ai pleuré souvent après minuit”, confie-t-elle. Des pleurs que l’on sent irriguer “Sankofa”, sans jamais le noyer. Car ici, même la mélancolie est lumineuse. La voix de Gyakie, douce mais ferme, habite chaque silence comme un souffle.

Afropop ? Soul ? Ballade spirituelle ? “Sankofa” n’entre dans aucune case. Il s’écoute les yeux fermés, le cœur entrouvert, comme une lettre venue du passé mais adressée au futur. Un titre qui ne se contente pas de plaire : il guérit, il apaise, il fait place.

Gyakie – « Sankofa » :

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