Et pendant ce temps dans le reste du monde #253

Tandis que nous traitons sur djolo.net des actualités culturelles africaines et caribéennes, les actualités musicales sont nombreuses dans le reste du monde, et dans cette rubrique simplement intitulée « Et pendant ce temps dans le reste du monde » nous vous proposons un bref tour de ce qui nous a plu cette semaine !

Faraway Ghost & Sunken Cages – Ashk Haye Moghavemat // Inde, Usa, Iran

Après un EP de remixes sorti chez Chiguiro records, Sunken Cages rejoint le label français Akuphone et s’associe avec le chanteur et multi-instrumentiste iranien Kamyar Arsani, le temps d’un album aussi complexe qu’excitant. Tous deux basés aux Etat-Unis, les professeurs -au sens propre du terme- restituent leurs talents respectifs sur un long format qui voit défiler influences sufi, musique traditionnelle perse et évidemment rythmes indiens alambiqués que Sunken Cages maîtrise si bien. A mi-chemin entre acoustique et expérimentations électroniques, Ashk Haye Moghavemat est sans doute l’un des albums les plus intéressants de cette année. 

Jono McCleery – Reconcile // Angleterre

Chaque album de Jono McCleery laisse une agréable impression de flottement. C’est encore le cas de Reconcile, nouvel opus du chanteur britannique, signé sur le label Sonar Kollektiv. Jono nous a habitué à une musique folk intemporelle, subtilement inspirée par la pop contemporaine, le RnB et la dance music, en témoignait son magnifique album de reprises Seeds of a Dandelion. Sorti de la pandémie et devenu jeune papa, l’artiste rebondit avec cet album qu’il a réalisé seul au milieu de la nature, libéré de toute contrainte. Reconcile est donc une incursion dans le quotidien d’un Jono McCleery plus que jamais authentique, qui livre ici des ballades intimistes faites de discrètes envolées house, de grooves bluesy et d’accents classiques. Un album à l’image de sa pochette -dessiné par sa fille alors âgée de 4 ans- qu’il qualifie comme « une fleur malmenée par les vents, qui s’est cassée plusieurs fois, mais qui a survécu, plus lumineuse que jamais ». Reconcile sortira le 29 novembre. 

Velvet Bloom « Silver Tongue » // Australie

Dès les premières secondes, on comprend que Velvet Bloom a bien l’intention d’apporter un vent de fraîcheur à la scène musicale australienne. Depuis leur premier EP Glimmer sorti en 2022, le quatuor monte en puissance à coup de concerts, de festivals et de singles, comme ce « Silver Tongue » d’excellente facture. La voix à la fois puissante et angélique de Maddy Herbert balance des émotions brutes sur un groove soulful gonflé au jazz. Ce solide collectif annonce un album en préparation pour 2025.

Chaka Demus « Flashing Lights » // Jamaïque

Mondialement connu pour son hit « Murder She Wrote », Chaka Demus répond toujours présent lorsqu’il s’agit de sortir des anthems dancehall. Après « Proud Jamaican » en duo avec son fils, le natif de 1965 continue de livrer des singles catchy et remplis de motivation à l’image de ce « Flashing Light ». Authentique et délicieusement old school, ce single à l’énergie contagieuse prouve que le dinosaure du ragga en a encore sous le pied ! 

NÁCAR – Chegança EP // Brésil, France

Dans le nordeste, « Chegança » signifie « arrivée ». NÁCAR débarque avec un EP de musique brésilienne moderne, à contre-courant des tendances funk et bossa nova 2.0. Sur ces cinq titres, les influences africaines et indigènes se frottent aux arrangements électroniques. Synthés cosmiques, nappes acides et percussions ancestrales lointaines viennent enrober la voix cristalline de Kamila. Dans une atmosphère onirique et hors du temps, la chanteuse rend hommage aux femmes brésiliennes, parle de voyage et dénonce la transphobie et le racisme, tout en faisant écho à l’héritage culturel afro-brésilien. 

Qairo « Qalawun«  // France

Avant de se poser à Bordeaux, les membres de Qairo ont roulé leur bosse entre l’Espagne, la Turquie et les Balkans, ramassant au passage les ingrédients qui ont contribué à forger leur musique fusionnelle. Sans tomber dans l’excès ni la caricature, le quintet mélange subtilement ces influences, qu’elles soient arabes, andalouses ou d’Europe centrale, pour livrer une interprétation hybride du flamenco. Les genres dialoguent entre eux pour ne finalement faire qu’un, dans un style rendu d’autant plus riche par les backgrounds jazz, urbains et traditionnel de ses musiciens. Une belle mise en bouche pour annoncer un album qui verra le jour en février 2025. 

Polayne – O Comboio da Ilusão // Brésil

En mai dernier, Dudu Prudente sortait le projet Nadir da Mussuca e o Grupo Samba de Pareia, mettant en lumière ce genre très particulier qui tire ses racines dans l’état du Sergipe, dont il est originaire. Aujourd’hui installé en Belgique, le producteur continue de collaborer avec des artistes brésiliens, et s’associe ici avec Polayne, chanteuse emblématique du nord-est du pays. Après 15 ans d’absence, elle revient en force pour chanter sur les productions breakées de Dudu sur l’album O Comboio da Ilusão, proposant tous les deux une fusion entre trap, folk, musique électronique et samba de pareia. A la fois solide, authentique et avant-gardiste, comme ce single « A Roda » ! L’album sortira le 21/11.

Caleb Hart – Emancipation // Canada

Aujourd’hui installé à Victoria au Canada, Caleb Hart a grandi sur la petite île de Tobago. Evidemment influencé par la musique des Caraïbes, il insuffle une dimension pop à son dancehall mélodique et profond. Produit par Jayden Brown, Emancipation est son septième album studio. Il y mêle riddims reggae, atmosphère R&B et arrangements subtilement afrobeats, comme sur le single « Step Closer ». Une belle découverte.

Baba Zula – İstanbul Sokakları // Turquie

Actifs depuis 1996, Baba Zula est progressivement devenu un groupe incontournable de la musique moderne turque. Ces fans de Nick Cave et de Can conçoivent un rock psychédélique au service de leur identité, mâtiné de dub, de musique électronique expérimentale et de boucles hypnotiques. İstanbul Sokakları signifie « les rues d’Istanbul », et c’est bien un disque urbain que nous offre ici Baba Zula, respectant des traditions qu’ils aiment aussi enjamber, notamment avec l’usage d’un Saz, ce luth à manche long qu’ils ont électrisé et amplifié, apportant un côté rebelle rebelle à leur son. 

François Renoncourt

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