Ce vendredi soir au B7L9, nouvelle place to be artistique qui fait résonner l’art contemporain, et des programmations musicales toujours très affûtées, à Bhar Lazreg, quartier bleu et défavorisé de la pourtant très chic banlieue tunisoise de la Marsa, c’est le producteur tunisien Ghoula qui vient verser quelques gouttes de son dernier album Demi-Écrémé dans les oreilles d’un public qui s’il n’était pas totalement conquis en entrant dans le jardin du B7L9, le sera en sortant !
On pourrait même dire que ce soir au B7L9, il y avait de la moustache qui pique et qui pointe, des filles en maillot Del Piero qui mènent l’attaque, de la sneaker fashion, de la sandale en cuir, de la birk, des motifs qui s’exposent sur des chemises, rentrées ou sorties, des corps tatoués, des jupes, des robes, et des tote bags, des cheveux qui s’expriment en toute liberté, qui se décolorent ou se colorent, qui bouclent, qui frisent, qui… Oui, on pourrait passer un moment encore à découvrir ce public, mais, à vrai dire, la vraie star de la soirée, c’est la musique de Ghoula, ce soir accompagné par Med Amine Khaldi au violon et aux percus.
Et quelle musique ! Des premières notes de l’iconique chanson tunisienne Sidi Mansour et son Allah Allah ya baba, aux dernières notes de cette même chanson qui clôturait le set, le producteur tunisien a su tenir en haleine son public. Des voix, des beats, des cloches, et des synthés propulsés comme dans un grand flipper nord-africain n’ont pas tardé à faire s’allonger les corps dans la nuit et la danse.
Il y a ceux qui prennent le rebond technoïde de la chose et qui raidissent leurs corps dans des saccades plus berlinoises que tunisoises, ceux qui, comme au cabaret, ondulent sur les zokras ou le mazoued, et balancent leur bras de droite à gauche, ceux qui vont rechercher la transe dans la répétition des beats et des chkachaks échappés d’une lila stambeli. Tandis, qu’inlassablement, Ghoula, trônant fièrement sur une montagne de basses, nous la fait escalader dans une cavalcade acide qui vire vers une transe pas vraiment placide, puis redescendre, accompagné par des voix rurales, des hymnes chaabi complètement déstructurés, et des violons un peu aigres, puis… escalader à nouveau, poussant des samples de ngoni dans le hardcore et du hardcore dans les guembris…
Comme la musique de Ghoula on approche de la syncope, les beats et les corps se brokent, se coupent, s’entremêlent et s’entrechoquent jusqu’à l’ivresse, jusqu’au vertige. Ce concert très physique s’achève laissant la sueur couler sur les corps, et le lait Demi-Écrémé de Ghoula baigner tous les esprits environnants.
Ghoula – Demi-Écrémé :
Si vous avez apprécié le contenu de cet article sur le dernier concert de l’artiste tunisien Ghoula, n’hésitez pas à visiter notre page Facebook et a y réagir, et pourquoi pas même nous encourager d’une petite mention « j’aime ».