Un peu à l’image de son titre, Anarchist Gospel, ce nouvel album, tout comme son auteure, l’artiste américaine Sunny War, est suspendu à une dualité, à deux facettes de la personnalité d’une même personne. D’un côté on y découvre Sunny War, une rebelle invétérée qui veut tout envoyer balader, qui veut tourner dans un groupe de punk, du Tennessee à la Californie, ce qu’elle a fait, qui veut plonger sa guitare et ses mots dans le fameux anarchist cookbook et tout faire exploser, la folk, l’americana, le country and western… et elle-même…. Et puis, de l’autre, il y a… Sunny War, l’artiste sensible qui cherche à trouver l’équilibre, à se sortir de la peine, celle de la rupture amoureuse, celle de trouver sa place, à Los Angeles, à Detroit ou à Nashville, celle qui l’a conduite, pendant l’enregistrement de cet album, à devoir tout abandonner pour aller veiller son père, mourant, sur un lit d’hôpital… Alors, oui face à ça, Sunny War se raccroche à ce qu’elle peut, au gospel, un gospel érigé à la fois comme un monument de la musique américaine à faire sauter, et comme, ce qu’il désigne à l’origine, une bonne nouvelle à laquelle se raccrocher.
Anarchist Gospel, c’est donc un album qui part des vestiges de la scène punk de Los Angeles pour aller s’enfoncer dans les bayous du Mississippi et de Louisiane (on peut d’ailleurs aussi penser au travail de l’americano-haitienne Leyla McCalla), en laissant résonner guitares et harmonica dans les grands espaces du midwest américain. C’est un album riche et fébrile qui, à l’image des États-Unis d’aujourd’hui, oscille entre glorification et sabordage.
Sunny War – Anarchist Gospel :
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