Ambiance d’Hammamet : Zouheir Gouja l’emporte avec le public

Ambiance très tunisienne ce vendredi 15 juillet au Festival International de Hammamet, et pour cause c’est le maestro, que dit-on, le yinna des musiques maghrébines, Zouheir Gouja, qui s’est emparé des clés de la soirée. Il propose un spectacle intitulé Original Fusion… oui, nous sommes d’accord, malgré les apparences le titre n’est pas très… original, mais ne nous arrêtons pas à ça, car déjà, les lumières s’éteignent, et dans l’obscurité de la nuit, un cortège d’ombres envahit la scène…

Oui, la fusion de Zouheir Gouja n’est pas qu’originale, mais aussi plurielle ! Avec pas moins de 20 personnes sur scène, musicien et danseurs compris, Gouja est prêt-à-lancer son spectacle qui a l’ambition de fusionner les différents folklores et traditions musicales tunisiennes, du stambeli au rboukh, en passant par la nouba et le très populaire mezwed. Et en parlant de ça le spectacle commence dans une ambiance étrange, le clavier de Sami Ben Saïd se suspend dans l’humidité, les notes du guembri de Mohamed Khachnaoui, et celles de l’oud de Gouja démarrent timidement, on est entre le soundcheck (et après tout, il y a bien des Japonais qui font des disques de soundcheck), et le morceau de drone ou d’ambient ; dommage qu’un gamin braille un peu plus haut dans les gradins, sous le regard indifférent de ses parents. Et puis, le souffle puissant et aigre d’un mezwed (disons pour le dire vite le cousin tunisien d’une cornemuse) fend l’air, en même temps que son porteur traverse la scène pour disparaitre dans la fumée du fond de scène, où, un élégant danseur, un des meilleurs de Tunisie, Marwen Errouine, étire son ombre.

Comme un rideau percussif qui tombe sur la nuit, les chkachaks, petites cymbales métalliques à mains indissociables du stambeli, se mettent en marche, une chanteuse quitte son estrade pour prendre le lead de ce début de soirée… manquant peut-être un peu d’énergie, elle se fait étouffer par la musique et les chœurs, qui reprennent les scansions anciennes. Aussi, l’on peut dire dans les choses un peu négatives, que l’enrobage électronique qui, certes, permettait au festival d’annoncer sur son livret l’éternel spectacle entre tradition et modernité, mais manque sûrement d’ambition, et pire, les beats parfois un peu au rabais peuvent faire de l’ombre aux autres instruments, comme avec le gasba, une longue flûte en roseau, qui ici peine à se distinguer d’un simple instrument logiciel.

Mais les rythmes entêtants venus des quatre coins de la Tunisie, les tambours, tabla, ou tbal, les chœurs, les chanteurs, les danseurs, réussissent à imposer leurs cadences à l’amphithéâtre d’Hammamet, et l’on commence à voir des têtes s’agiter, des bras s’envoler vers le ciel nocturne, et même, ci et là, des danseurs rejoindre la travée centrale du théâtre pour laisser leurs corps s’exprimer. Puis ces quelques-uns deviennent un peu plus, voir même beaucoup, le public devient mouvant, même le petit qui criait en début de soirée semble conquis par cette nouvelle animation, et, un peu entre kermesse joyeuse, et cérémonie mystique, Zouheir Gouja conquiert son public.

Original Fusion de Zouheir Gouja @FIH2022 :

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