Ambiance d’Hammamet : Explosion de rock gnawa avec Bab L’Bluz

Bizarrement, alors que le groupe franco-marocain Bab L’Bluz, avec son rock gnawa qui dépote est plutôt marqué jeune en Europe, en témoigne d’ailleurs les nombreux remix que leur musique a suscités (Un*Deux, Synapson…), ici, à Hammamet, leur public semble avoir pris un petit coup de vieux. Mais peut-être n’est-ce là qu’une impression, en tout cas, cela n’a pas empêché, les volutes de fumée des machines prévues à cet effet, de monter dans le ciel étoilé.

22h, extinction des lumières, le groupe Bab L’Bluz monte sur scène dans la clameur. Bottines, pantalon retroussé, et guembri branché pour Yousra Mansour la chanteuse du groupe, dégaine de rockstar des années 80, digne d’un Motley Crue ou d’un Gun’s N Roses, pour Brice Bottin, guembriste et guitariste à ses heures perdues, et tenues plus discrètes pour Hafid Zouaoui, le batteur, et Jérôme Bartolomet à la flûte et aux percussions.

Pas de préliminaires, la vibration assourdissante des guembris électrifiés sature l’air, la flûte vibre presque comme un orgue hammond, le bourdonnement des chkachaks doublé par batterie envahit le joli théâtre de plein air, et la voix singulière de Yousra Mansour s’en va résonner jusqu’à la mer voisine. Il n’aura guère fallu plus de trois chansons pour que le public commence à danser, malgré la chaleur et l’humidité particulièrement pesante ce soir-là. Comme quoi, en fin de compte, les musiques gnawa ou stambeli finissent toujours par trouver leur public en Tunisie, de grès, ou par la force chkachaks, pardon des qraqeb ; le nom marocain de ces genres de petites cymbales à mains indissociable des musiques gnawa.

Alors qu’elle dédie la chanson suivante aux mères et aux femmes, Yousra interrompt le concert un instant pour parler du droit des femmes en Tunisie, pays qui en la matière a su se montrer particulièrement pertinent et même en avance sur son temps, accordant le droit de vote, ou garantissant le droit à l’avortement bien avant certains pays d’Europe. Discours bien sûr accueilli par une acclamation générale.

Et puis, ni une, ni deux, le groupe se remet à faire ce qu’il fait de mieux, c’est-à-dire une matière musicale dense, épaisse, qui sature et qui bave, qui se mêle aux fumées et à la chaleur qui pèse sur les gradins du théâtre. Un lourd drapé de son qui anesthésie les sens. Dans la répétition du motif, l’esprit s’oublie et ne s’accroche qu’à la voix de Yousra Mansour, guide d’un soir dans un grand voyage vers une transe très rock’n’roll, qui oscille entre Iggy Pop et les esprits des gnawas anciens.

Bab L’Bluz @ FIH2022 :

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