Sur le bitume bouillant de Durban comme dans les clubs moites de Johannesburg, le Gqom continue de battre fort — mais « Woza », le nouveau missile de DJ Lag, change la donne. Ici, le pionnier sud-africain ne se contente pas de revisiter son royaume sonore : il en redessine les frontières. Avec l’aide précieuse de Sir Trill, crooner versatile de la scène amapiano, et de Sykes, voix envoûtante derrière les hits de Dlala Thukzin ou Kelvin Momo, Lag propulse le Gqom vers une autre dimension : celle du 3-Step.
Né entre les mains de DJ Lag alors qu’il enchaînait les sets en back-to-back avec Thakzin — figure incontournable du 3-Step — « Woza » est un pont sonore, tendu entre les pulsations brutes de Durban et les volutes électroniques de l’Afro-Tech. Le morceau claque comme une alerte : percussions sourdes, ligne de basse rampante, incantations vocales qui hantent autant qu’elles galvanisent. Sir Trill pose sa voix avec une tension presque mystique, entre mélancolie et défi. Sykes, lui, vient suspendre le temps, glissant ses refrains dans les interstices du beat comme une pluie fine sur le goudron.
Mais « Woza » n’est pas qu’une prouesse de fusion musicale. C’est aussi un manifeste : celui d’une génération qui refuse de choisir entre héritage et mutation. Dans la foulée de son album The Rebellion, Lag affirme ici un virage audacieux, sans trahir l’âme du Gqom — cette musique née dans les townships et qui aujourd’hui fait trembler les scènes de Glastonbury à Ibiza. Il y a dans ce titre une énergie urgente, quasi rituelle, qui appelle au mouvement, au rassemblement, à l’éveil.
“Woza” — “viens”, en zoulou — c’est une invitation à entrer dans un nouveau chapitre du son sud-africain. Un appel lancé aux danseurs, aux rêveurs, aux exilés du BPM : viens, la révolution continue, et elle a trouvé son rythme.
DJ Lag ft. Sir Trill & Sykes – « Woza » :
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