With Love de Omar Khorshid, pour les amoureux de guitares arabes

Il fut la guitare de Oum Kalthoum… et là on devrait même arrêter d’en parler, tellement cette information se suffit à elle même ! Oui, ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance de parler des cordes de l’Astre de l’Orient !  Alors d’accord, on va tout de même vous en dire un peu plus sur le guitariste égyptien Omar Khorshid, dont le disque With Love paru initialement en 1978 sur le label Voice of Lebanon, et qui va se voir rééditer en vinyle incessamment sous peu, fin février, par Wewantsounds, dans le cadre de la série de rééditions de disques arabes dirigée par Mario Choueiry pour l’Institut du Monde Arabe.

1968, Alexandrie. Cela fait maintenant deux ans que Khorshid écume les clubs et salles de spectacle d’Égypte au côté du groupe Les Petits Chats, mais ce soir là, dans la salle où il se produisait du côté d’Alexandrie, il y’avait dans la salle un spectateur bien particulier, Abdel Halim Hafez ; petite parenthèse pour préciser à ceux qui ne serait pas tellement familiers avec la musique égyptienne et arabe, que dans ce milieu-là il y a dieu, et au-dessus Abdel Halim Hafez… bon d’accord reposez vos piques et vos couteaux, et il y a aussi Mohamed Abdel Wahab, et le syrien Farid el Atrache, et au-dessus d’eux tous, le cosmos, Oum Kalthoum ! Hafez séduit par le jeu de guitare si singulier de Khorshid lui propose alors de rejoindre son groupe ; un billet d’or pour le succès que le jeune guitariste ne manquera pas de saisir. Ainsi pendant quelques années, il a pu jouer avec presque tous les dieux et demi-dieux du panthéon musical arabe, imposant son twang pincé, ses envolées pop, ses cascades de surf rock spatial, l’ivresse chaabi, et la grande sensibilité de certains de ses arrangements !

1973, Beyrouth. Le trouble a gagné l’Égypte, et Omar Khorshid fuit à Beyrouth, où il fraiera avec les incontournables frères Rahbani, mais surtout s’offrira une bouffée d’oxygène et de créativité dans une des plus cosmopolites et, à l’époque, paisible cité d’Orient. Un répit créatif de courte durée, car en 1975 le Liban sombre dans le chaos, et alors, une fois encore Khorshid doit fuir la guerre. Il rentre en Égypte en 1976.

1977, Washington. Omar Khorshid est invité par le président Anouar el-Sadat à se produire à la Maison Blanche au coté du violoniste israélien Yehudi Menuhin dans le cadre de la célébration des accords de paix de Camp David.

1978, Syrie. Le guitariste égyptien s’est à nouveau exilé, en Syrie cette fois, lorsqu’en 1978 sort chez Voice of Lebanon le disque qui nous occupe aujourd’hui, With Love, issu des sessions d’enregistrement libanaises de Khorshid. On retrouve sur cet album cette guitare qui danse sur le fil de la tradition, plongeant dans des fulgurances modernes, puis se rattrapant sur l’ossature d’un classique, comme « Hebbina Hebbina » de Farid el Atrache, « Ahwak » de Mohamed Abdel Wahab, ou des « Rahbaniyat » des frères Rahbani. Un disque aussi où, une fois passée l’ivresse de surface, on découvre de tendres et profonds échanges entre la guitare de Khorshid, et ses fameux arrangements proches du génie, et un orgue tourbillonnant. Et puis on y sent aussi, par moment, cette mélancolie douce et puissante, qui vient assaillir discrètement le jeu de guitare de Khorshid.

29 mai 1981, Gizeh. Après son année d’exil en Syrie, Omar Khorshid retourne chez lui, en Égypte, pour, bien sûr, continuer la musique, mais aussi lancer sa carrière d’acteur. Mais beaucoup d’extrémistes ne lui ont pas pardonné sa prestation américaine au côté de Menuhin et el-Sadat, et il échappe à plusieurs tentatives d’assassinats. Le 29 mai 1981, à seulement 36 ans, la star égyptienne se fait retrouver par cette mort qu’il a toujours cherché à fuir, il meurt dans un accident de moto, que, encore aujourd’hui, beaucoup estime suspect.

Omar Khorshid – « Ahwak » :

Omar Khorshid – « Hebbina Hebbina » :

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