Quand les petits gars de Sublime Frequencies sont partis en Syrie et ont ramené dans leurs valises les rythmes terribles d’un moustachu à lunette noire, et l’ont publié sur un superbe disque intitulé Highway To Hassake, qu’est ce qu’on a fait ? On a dansé ! Et quand le même moustachu, sous son keffieh, a débarqué à toute allure avec l’électrique Wenu Wenu, produit par Four Tet, qu’est ce qu’on a fait ? On a dansé, et même en ligne dans la bonne tradition du dabke dont on commençait à saisir le jeté de jambes ! Et quand le dorénavant célèbre moustachu a signé chez le temple des agitateurs de dancefloor, Mad Decent, et a sorti To Syria, With Love, alors même que la guerre ravage le pays depuis plusieurs années, et que le moustachu lui-même est en exil en Turquie… qu’est qu’on a fait ? On a dansé ! Alors, à l’heure où les forces turques bombardent la région de sa naissance, et à l’heure où il annonce la sortie d’un nouvel album, Shlon, qui paraîtra à la fin novembre chez Mad Decent… qu’est ce qu’on va faire ? On va se laisser prendre par l’ivresse du rythme, et danser, bien sûr !
Ce moustachu, c’est Omar Souleyman, le chanteur de mariage devenu pionnier de la techno chaabi ! Celui qui a imposé les rythmes du dabke kurde au monde entier et qui réussit à faire parler de son pays, la Syrie, autrement qu’en des termes dramatiques. Faut dire qu’en tant que chanteur de mariage, il a l’habitude des mots doux et de la poésie baroque – d’ailleurs les arabophones pourront apprécier, outre cette irrépressible envie de danser, la qualité des mots, soufflés sur ce nouveau disque par le poète et collaborateur de longue date de Souleyman, Moussa Al Mardood – tout autant qu’il a l’habitude des situations parfois un peu… périlleuses. Imaginez un peu, un chanteur de mariage, qui chante l’amour éternel, l’amour invincible, et qui se retrouve, parfois, face à des mariages de raison, où la mariée, trop jeune, peine à retrouver chez le vieillard qui l’attend à l’autel, les qualités évoquées dans les chansons.
Mais peu importe la guerre, peu importe le mariage, peu importe les Turcs, peu importes les djihadistes, peu importe le reste, c’est maintenant le moment de danser sur « Layle » premier extrait de ce Shlon à venir !
Omar Souleyman – « Layle » :
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2 Comments
[…] des chants tribaux d’un autre âge, y insuffle des tourbillons d’ethio-jazz, revisite le dabke à grands coups de casserole, et autres instruments fait de bric et de broc, et même de roues de […]
[…] à New York, de Paris à Bamako. Ah, oui, auditeurs fidèles que vous êtes, vous allez dire, et Omar Souleyman dans tout ça !? Mais pas de panique quand il y en a pour un il y en a pour deux ! Et puis, […]