Comme beaucoup d’histoire dans la musique, celle de Steve Monite est une histoire de rendez-vous ratés, et de gloire rattrapée… une histoire en dent de scie ! C’est l’histoire d’un jeune gars de Benin City au Nigeria qui a appris à chanter sur les bancs de la chorale de l’école, et qui, une fois jeune adulte, a voulu aller poursuivre son rêve de musique, et marcher sur les traces de ses stars, Michael Jackson, Barry White, ou encore les Beatles, en partant à son tour en occident. Steve Monite s’est rendu à Londres et s’est saigné pour s’autofinancer une petite session d’enregistrement dans un studio de la capitale britannique, et pouvoir aller démarcher les maisons de disque… mais il n’a pas trouvé preneur… retour au Nigeria, avec un disque dont personne ne voulait coincé sous ses bras ballants !
Mais là, de retour à la maison, résigné, voilà pas que c’est la major EMI Nigeria qui vient taper à sa porte pour lui dire qu’ils sont intéressés par le produire ! Alors il rentre en studio, à nouveau, mais cette fois-ci pas avec n’importe qui, avec Nkono Teles, un jeune producteur camerounais, qui, de retour de New York, avait des idées foisonnantes de disco et de funk, plein la tête ! Et puis, à vrai dire, ce n’est pas n’importe quel studio non plus dans lequel les deux hommes ont travaillé, puisqu’il s’agit du même studio d’EMI à Lagos ou est venu quelques années plus tôt, un certain Paul McCartney pour enregistrer son album Band on the Run, en tout cas en partie puisque les choses ne se sont pas ultra bien passées pour lui au Nigeria… mais ça, c’est une autre histoire !
Revenons à notre Steve Monite qui, au top de sa forme, plonge dans la disco et le funk, il se targue même d’être un des pionniers de l’electro-funk en Afrique, joue avec des synthétiseurs Moog flambant neuf ! Tout se passe pour le mieux, on peut même dire que Steve Monite est dans les starting-blocks de la success-story… mais voilà, on est en 1983… au Nigeria… et en 1983 au Nigeria il y a un coup d’État qui met un coup de froid sur tout ce qui se passe, de l’économie à la scène musicale. Mais Steve Monite boucle tout de même son disque, il y ajoute la chanson « Things Fall Apart » qui dépeint le délitement de son monde, et le disque sort en 1984… dans l’indifférence générale, même le label semble être pris de désaffection pour son artiste.
Et puis voilà, Steve Monite sombre dans l’anonymat, il part s’installer à Londres et… mène sa vie. En tout cas jusqu’à l’arrivée d’internet ! Il n’y a pas si longtemps, Steve Monite raconte avoir été surpris par un de ses petits neveux, qui, tout étonné, lui a dit un jour : « Tonton, je ne savais pas que tu étais une star » ! Avec la magie d’internet, le travail de diggers, de passionnés, et de quelques DJ, le disque de 1984 a repris un peu de lumière, et la chanson « Only You », avec ses lignes de basses imparables est devenu un hit, et a été de nombreuses fois remixées et repris (citons entre autres, KOWL, Franck Ocean, Theophilus London ou encore Tame Impala), et aujourd’hui, après tout ses hauts et ses bas, le label Soundway Records réédite pour la première fois le disque complet, Only You de Steve Monite !
Steve Monite – Only You :
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