Oku Ngwo Di Ochi, le Oriental Brothers nouveau est arrivé

Presque 50 ans après sa création, le groupe nigérian Oriental Brothers a encore beaucoup de bon highlife à nous servir, beaucoup de grooves et de mélodies à nous verser dans les oreilles, beaucoup de fête et d’ivresse à nous offrir… et pour cela quoi de mieux qu’un nouvel album, Oku Ngwo Di Ochi, dont on peut traduire le titre par le tireur de vin de palme.

Mais, avant d’en arriver à la parution de cette nouvelle cuvée d’Oriental Brothers… autant vous dire que le parcours fut long, très long ! Une histoire faite, comme souvent dans l’histoire des musiques africaines, d’espoir érigé en foi inébranlable, de galère, de succès fulgurants, de galère, de déception, de galère, de coups de chance improbables, de galères, de fraternité, de galère, de résurrection, et… de galère !

Tout commence en 1973, quand, quelque part au fond de la région orientale du Nigeria, encore traumatisé par les affres de la terrible guerre du Biafra qui vient de s’achever, une bande de musiciens décide de se réunir pour panser leurs plaies à grand renfort de palmwine music, et de highlife igbo. Mené par leurs trois « rois », Godwin « Kabaka » Opara, Chief Christogonus « Dr. Sir Warrior » Ezewuiro Obinna, et Ferdinand « DanSatch » Chukwuemeka Opara, le groupe qui décidera plus tard de s’appeler Oriental Brothers, en hommage à leur région d’origine, commencera à écumer les scènes locales, et à rêver de tournées nationales. Entre promesses non tenues et déboires en tout genre, le groupe réussira tout de même à se produire à Kano ou Lagos, et même à enregistrer un disque.

Uwa Atualamujo / Ihe Chinyere sort en 1973… aucun écho, et alors que le groupe commence à désespérer, et pense même à rentrer chez lui, à Okwerri, les Oriental Brothers International enregistrent un album éponyme chez Afrodisa… et là, la sauce commence à prendre. Portée par des tubes comme « Ihe Oma », la musique des Oriental Brothers commence à se répandre aux quatre coins du pays. Mais alors que le succès tant attendu submerge la vie du groupe, des dissensions entre ses trois chefs commencent à se faire sentir. En 1976, le groupe implose, et Kabaka, DanSatch et Dr. Sir Warrior partent chacun de leur côté fonder leurs propres versions des Oriental Brothers, avec des succès… variés, au cours des années 80 et 90.

Mais, si pour la plupart des nigérians, les Orientals Brothers, dans leur mouture originale, ont sombré dans l’oubli, il y a, très à l’ouest du Nigeria, une région qui ne les a pas oubliés… une région tellement à l’ouest qu’elle n’est plus au Nigeria, ni même sur le continent… oui, là-bas, de l’autre coté de l’océan, en Colombie, la scène champeta est en plein essor, et les picós, ces petits sound-systems sauvages, jouent en boucle des disques venus d’Afrique ; et les Oriental Brothers, à leur insu, y deviennent populaires ! Bon, quand on parle Colombie, musique africaine, et champeta… il y a forcement un nom qui va faire irruption dans ce post, celui du label Palenque Records, qui depuis des années œuvre à la valorisation et à la promotion la scène champeta colombienne, et multiplie les aventures sur le continent africain.

Quand Lucas Silva, la tête pensante de Palenque Records, a appris que les Oriental Brothers qui ont bercé sa jeunesse étaient encore actifs… il a agité tout son réseau nigérian pour finalement retrouver DanSatch et le percussionniste original du groupe Akwila, dans leur petite ville d’Okwerri. Et puis au bout de deux ans de travail acharné, en dirigeant à distance les sessions studios, et avec des musiques qui, comme à la grande époque, ont multipliées les allez-retours entre les deux rives de l’Atlantique, il a réussi à donner naissance à ce Oku Ngwo Di Ochi. Un disque qui agite des guitares, fait onduler les corps, fait vibrer les esprits et les peaux des percussions, avec la même authenticité, la même verve, et le même esprit que ceux qui habitaient déjà les Oriental Brothers en 1973. Une musique intemporelle, qui soigne les maux dans la fête, et la mélodie… et un peu dans le vin de palme !

Oriental Brothers International Band – Oku Ngwo Di Ochi :

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