Depuis plus d’une décennie, le Kwashibu Area Band incarne une certaine idée du highlife ghanéen : une musique enracinée dans les traditions, mais résolument tournée vers l’avenir. Accompagnateurs fidèles de la légende Pat Thomas sur les splendides Pat Thomas & Kwashibu Area Band (2015) et Obiaa! (2019), les musiciens de Kwame Yeboah s’émancipent ici avec Love Warrior’s Anthem, un premier projet sans figure de proue, mais d’une cohérence impressionnante.
Enregistré à Berlin avec le batteur et producteur reggae Giuseppe « Big Finga » Coppola et le percussionniste Eric Owusu, cet album est un tournant. Moins flamboyant que leurs collaborations précédentes, il se distingue par un souffle plus intérieur, presque méditatif. Le highlife s’y fait plus discret, absorbé dans des textures jazzy, dub, et psychédéliques, comme si le groupe avait trouvé un nouveau terrain d’expression dans l’intimité des studios européens, loin des scènes brûlantes d’Accra.
Mais ne vous y trompez pas : Love Warrior’s Anthem est un manifeste. Celui d’un groupe qui choisit la douceur comme forme de résistance. Avec ses rythmes chaloupés, ses cuivres en apesanteur et ses harmonies brumeuses, ce disque est une ode à la vulnérabilité. Un sommet en ce sens : “M’akoma Nnwom”, bijou de mélancolie dédié à Nana Ampadu, dans lequel le guitariste Kwame Yeboah convoque ses souvenirs d’enfance dans le studio du maître, entre lignes hypnotiques et arrangements aériens.
Le visuel de l’album, signé Zak Ové, prolonge cette esthétique sensible et précieuse : un collage d’instruments et de pagnes kente, comme un autel dressé à la mémoire musicale de l’Afrique de l’Ouest.
Avec Love Warrior’s Anthem, Kwashibu Area Band trace une voie nouvelle : un highlife de chambre, introspectif et magnifiquement moderne.
Kwashibu Area Band – Love Warrior’s Anthem :
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