L’instant Vinyl : 106. Hokoyo! de Thomas Mapfumo

Bienvenue dans ce nouvel épisode de notre série « L’instant vinyl », cette rubrique dédiée aux pépites du passé, où nous dépoussiérons et partageons avec vous des disques qui ont marqué l’histoire de la musique. Et pour ce cent-sixième opus, nous quittons le Congo Brazza (cf. l’instant vinyle n° 105), pour nous rendre au Zimbabwe, et y découvrir le disque Hokoyo! de Thomas Mapfumo !

Musicien légendaire s’il en est, nous avons déjà eu l’occasion de nous pencher sur la carrière de l’artiste zimbabwéen Thomas Mapfumo dans ces pages, et pourtant ce post revêt pourtant un caractère tout spécial, car nous allons nous intéresser à son premier disque solo, ou en tout cas son premier disque signé de son nom, Hokoyo!, sorti en 1978 !

Alors qu’à ses débuts le musicien zimbabwéen était versé dans l’art de la reprise de tubes américains, son passage au sein de l’Hallelujah Chicken Run Band lui fait voir la musique autrement, et notamment la musique zimbabwéenne. Il élabore ainsi une musique qui se repose sur les bases de la musique traditionnelle zimbabwéenne, mais qui incorpore des éléments d’orchestrations empruntés aux différents courants musicaux africains ou occidentaux qui traverse l’Afrique à ce moment-là, et qui, surtout, se nourrit du souffle contestataire du rock !

En 1978 tout se précipite, il sort au côté de son Acid Band cet album qui nous intéresse aujourd’hui, Hokoyo!, ou Attention! en langue shona, une mise en garde directement adressée au gouvernement blanc de la Rhodésie du Sud, oui, nous parlons depuis le début de ce post de Zimbabwe, mais alors, le pays était encore connu sous le nom de Rhodésie. Le chant en shona, le discours abrasif, la guitare qui joue dans le style d’un mbira (piano à doigt traditionnel du Zimbabwe), tout est là pour propulser Thomas Mapfumo sur le devant de la scène… Un succès qui ne sera pas du gout de tous, le gouvernement censure le disque, et met Mapfumo en prison. Face à la vindicte populaire, le gouvernement reviendra sur sa décision et le libèrera 3 mois plus tard. Mais le mal est fait, porté par la musique de Mapfumo et d’autres, le chimurenga, le vent de la contestation a commencé à souffler, et en 1980 il conduira à la chute du pouvoir blanc, et à l’avènement du Zimbabwe moderne. Dans un grand concert devenu mythique, Thomas Mapfumo se produira pour célébrer la naissance du jeune état sur une scène qu’il partagera, entre autres, avec un certain Bob Marley venu de Jamaïque !

Après l’indépendance, Thomas Mapfumo ne rejoindra pas les rangs des nouveaux nababs, et continuera avec son groupe les Blacks Unlimited à porter la voix de ceux qui n’en ont pas, à dénoncer inlassablement la corruption et les errements du nouveau gouvernement, dirigé par un certain Robert Mugabé. À la fin des années 90, il est contraint à l’exil… il ne reviendra dans son pays qu’en 2017, à la chute de Mugabé.

Thomas Mapfumo & The Acid Band – Hokoyo! :

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