On vous a proposé de découvrir ceux qui ont fait l’année 2024 en Afrique, et les disques que nous avons aimés cette année dans notre Top des meilleurs albums de 2024 Partie 1 et Partie 2, mais il y a eu aussi, hors de l’Afrique, des albums qui nous ont fait vibrer. On vous propose de découvrir ci-dessous les 10 meilleurs albums du reste du monde de 2024 !
Masayoshi Fujita Migratory // Japon
Qui n’a jamais rêvé à aller s’installer à la campagne, d’embrasser une vie plus simple en lien avec la nature ? Allez, ne mentez pas, on a tous pensé ça, au moins pendant le COVID… le fameux monde d’après ! Quel voyageur, quel exilé, n’a jamais rêvé à revoir son pays, à reprendre pied sur sa terre de naissance, ou en tout cas sur la terre qui l’a vu grandir ? Et c’est à ces deux questions que le vibraphoniste et joueur de marimba japonais Masayoshi Fujita répond avec son dernier album, Migratory, qui vient est paru chez Erased Tapes.
Ganavya draw something beautiful // Inde, USA
Il y a des disques comme ça, qui ont beau être court, qui ont beau être inclassable, fusionnant des genres qui peut-être n’était pas fait pour se rencontrer, des disques capables de mettre d’accord tout le monde, ou presque… et on serait bien tenté de ranger draw something beautiful, le dernier EP de la chanteuse indienne américaine Ganavya parmi ceux-là ! Faut dire que le disque, même s’il ne tient qu’en deux titres, est fort joli ! Il réussit à nous suspendre aux mots, aux sons, et aux ambiances que développe l’artiste, et à concilier cet esprit de la pop, et de la folk, avec les traditions du chant carnatiques, et les ragas de la région du Tamil Nadu.
Buzz’ Ayaz Buzz’ Ayaz // Chypre
C’est une tempête sonore qui se soulève depuis le bassin oriental de la Méditerranée que l’on découvre avec Buzz’ Ayaz, le premier album du groupe du même nom, qui est sorti cette année chez Glitterbeat Records ! Des premières notes du tzouras électrique (un genre de bouzouki) de Antonis Antoniou aux tourbillons rythmiques des percus et d’une monstrueuse clarinette baryton, on se fait happer par la lancinante musique de ce disque !
B E N N Fleeting Illusion // Taïwan
B E N N. Fondateur du club avant-gardiste Overmybody.tw, l’artiste taïwanais s’applique à mêler ses influences asiatiques à la global bass, notamment celle qui vient de Londres, où il a passé du temps. Habitué à sampler de la musique d’opéra, ou les instruments traditionnels taiwanais qui ont bercé son enfance, B E N N a marqué un peu plus la scène global bass de son empreinte singulière avec son nouvel EP Fleeting Illusion.
Pedro De Dios et Antonio Fernandez Cantes Malditos // Espagne
Une rencontre entre deux hommes, et une rencontre entre deux univers. Entre la beauté vibrante du flamenco, la beauté sensible et profonde du fameux cante jondo, et la brise électrique fébrile d’une guitare qui étire ses cordes autant vers le rock, que le blues. Oui, il serait facile de décrire ce disque comme une sorte de bande-son d’un western moderne et espagnol, d’autant plus que la moitié des westerns… les bons, ont été tournés non loin de la Grenade natale du duo. Mais, la réalité, c’est que ces Cantes Malditos vont bien plus loin qu’une simple cavalcade du côté de Fort Bravo. La guitare, parfois sensuelle et lascive, parfois bourdonnante et énervée, enserre la voix sublime de Antonio Fernandez, qui s’extirpe des méandres tourbillonnants du rock de Pedro De Dios pour évoquer toute la gamme des émotions du flamenco, toutes les sensibilités du zambra maure.
Meridian Brothers Mi Latinoamérica Sufre // Colombie
Des guitares, claires, bavardes, africaines, et une introspection, celle d’un certain Junior Maximiliano the Third, personnage créé pour ce disque des Meridian Brothers, qui explore sa psyché (et parfois le psychédélisme des morceaux, ou de certaines substances), fait face à la nostalgie, à l’aliénation, mais aussi rencontre l’optimisme, dans un grand voyage au travers des folklores et des philosophies sud-américaines… Et même, est-ce que l’on ne pourrait pas voir derrière les guitares, derrière ce voyage dans la conscience de Junior Maximiliano the Third, non pas un simple concept album, Mi Latinoamérica Sufre, mais le reflet des souffrances de l’Amérique latine actuelle ?!
Frédéric D. Oberland, Grégory Dargent, Tony Elieh, et Wassim Halal SIHR // France, Liban
La planète entière est aux portes du chaos… C’est dans ce contexte délétère que quatre musiciens, Frédéric D. Oberland, Grégory Dargent, Tony Elieh, et Wassim Halal, se sont enfermés dans leur bunker sonore pour dessiner, ou plutôt pour composer, les contours d’un néo-folklore né dans les no-mans-land de demain, ceux laissés par la guerre, ceux abandonnés aux chaleurs extrêmes et aux aléas climatiques ; oui, faut dire qu’étant issus du pourtour méditerranéen… ils ont quelques raisons d’avoir des inquiétudes pour demain… Leur manifeste sonore est sorti chez Sub Rosa sous la forme d’un album SIHR.
Memeshift Echoes // Indonésie, USA
Les tourbillons techno et électroniques se mêlent au fracas des gamelans indonésiens, les mélodies des beach boys croisent celle de la pop sunda, il y a des bribes de punk californien et des rythmes malais, il y a du bruit, la clameur d’une rave qui se mêle au noise des machines, il y a l’indus’, l’ambient, et le souvenir, les souvenirs… Il y a les Echoes d’une vie passée, les Echoes des angoisses du monde à venir, les Echoes des bourdonnements des insectes indonésiens devenus machines, les Echoes de Memeshift.
Fat Freddy’s Drop Slo Mo // Nouvelle Zélande
Il y a des voix très soul, il y a du reggae qui repart avec amour vers ses roots, il y a des pointes d’afrobeat qui font chauffer le cuivre des musiciens du groupe, il y a quelques sombres nuages de dub dans lesquels on se précipite avec plaisir, il y a des jeux de textures et de tensions, organiques comme électroniques, il y a des passes très jazz aussi, et puis tout ça tournoie ensemble, s’acoquine, se frôle, et se mêle… il y a les musiques noires, les îles qui se répondent, de la Polynésie à la Caraïbe, enjambant l’Afrique d’un côté, l’Amérique de l’autre… Oui, on peut le dire ce Slo Mo de Fat Freddy’s Drop prend le temps de ralentir sur sa vision du monde, mais n’a pas laissé nos cœurs en Slo Mo !
Vazesh Tapestry // Iran, Australie
Le trio Vazesh nous a offert avec son dernier album Tapestry (que vous pouvez découvrir chez Earshift Music) probablement l’un des plus beaux moments de jazz de l’année… De jazz… pas que ! Oui, la musique du trio s’appuie aussi bien sur l’esprit de liberté et d’improvisation qui habite le jazz — d’ailleurs ce disque Tapestry est le fruit de l’enregistrement d’une nuit d’improvisation entre les trois maîtres — que sur le radif perse, c’est-à-dire un ensemble de thèmes et de structures, de modes, qui constituent l’âme de la musique perse, et sur lequel se reposent les musiciens iraniens pour pouvoir ensuite improviser dessus… Oui comme quoi les deux univers ne sont pas tellement éloignés.
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