Décidément, le label Analog Africa a le don pour créer l’événement et nous embarquer pour des voyages musicaux que l’on pourrait presque qualifier d’improbables à chacune de ses parutions. Bien plus que de simple spécialiste de la réédition de disques africains anciens, les membres du label basé en Allemagne sont de véritables aventuriers du son, diggant à la pointe des diamants de leurs platines, raretés et autres pépites venues d’Afrique et des quatre coins du monde. Et après le Togo de l’orchestre Abass, la Somalie du Dur Dur Band, ou encore le funk spatial de Rob, leur nouvelle compilation, la 28ème à vrai dire, intitulée Jambú e os míticos sons da Amazônia, nous plonge dans la moiteur chaude de Belém, aux portes de l’Amazonie.
Alors qu’on voit le petit Adolf, ah non, Jair, Bolsonaro, s’agiter dans tout les sens, la mèche frémissante, pour tenter d’annihiler toute diversité au Brésil, qu’elle soit biologique ou culturelle, Analog Africa lui fait un peu la nique, si l’on peut se permettre la trivialité de l’expression, en mettant en avant la musique de l’état de Pará; un carrefour de tout… absolument tout ! Véritable mangrove de culture, rencontre du sel de l’Atlantique et de la douceur de l’Amazonie, l’état de Pará, et la ville de Belém ont toujours été à la croisée de chemins, lieu de rencontres des Brésiliens blancs, anciens colons portugais, des tribus indiennes d’Amazonie, des esclaves noirs arrachés à l’Afrique, lieu de chute des bagnards français échappé de Cayenne, à portée d’ondes de la Caraïbe, du Surinam et de Colombie. Alors imaginez un peu cette région du nord du Brésil dans le bouillonnement des années 70 ?! Et sa musique alors ?
Pulsations vitales des tambours, frénésie des flutes, des voix qui se perdent dans la moiteur tropicale, l’impérieux martèlement des cuivres, l’imbrication des mysticismes indiens et africains, plus particulièrement ceux occultes du Dahomey, lointaine terre d’origine des esclaves noirs, le son cubain, la cumbia colombienne venus clandestinement, portée par les ondes basses fréquences et quelques disques d’importation, les soundsystem aussi, les fameux aparelhagem sonora… c’est dans ce riche écrin tissé de diversité et de métissage que sont apparus le carimbó, le lundun, le samba-de-cacete, ou encore le siriá, des styles musicaux aujourd’hui devenu partie prenante de l’histoire brésilienne, n’en déplaise à Bolsonaro. C’est là à Bélem, état de Pará, qu’est né le son si particulier, mythique, de l’Amazonie qu’Analog Africa nous raconte avec ce Jambú e os míticos sons da Amazônia. Tenez-vous prêt, précommandez, pourquoi pas, la sortie c’est 21 juin !
Analog Africa – Jambú e os míticos sons da Amazônia :
Si vous avez apprécié le contenu de cet article sur « Jambú e os míticos sons da Amazônia » le dernier album de Analog Africa, n’hésitez pas à visiter notre page facebook et a y réagir, et pourquoi pas même nous encourager d’une petite mention « j’aime ».
4 Comments
[…] son dernier disque, Rebujo, la reine de la musique amazonienne et des métissages de Belém, Dona Onete, prend le Brésil de Bolsonaro à contre-courant et remue […]
[…] somalienne ont de quoi faire perdent la tête – que Samy Ben Redjeb, le patron du label Analog Africa, a ramené avec lui de son voyage en Somalie, via la superbe compilation, qui prend parfois des […]
[…] d’explorateur venaient à peine de sécher de la dernière excursion sur les territoires de Jambu, on venait enfin d’épousseter nos salacot de la poussière somalienne qui s’y était déposée […]
[…] Carlo Xavier a.k.a Kobra 3000 (le même qui se cachait entre autres derrière la curation du disque Jambu d’Analog Africa), mais cette fois-ci pour sortir un vrai EP en belle et due forme, c’est à […]