Le Gonora Sounds laisse rebondir son génial Hard Times Never Kill

Cela fait depuis 2004 que le Gonora Sounds, un duo composé par un chanteur et guitariste aveugle, Daniel Gonora, et son jeune fils Isaac, qui l’accompagne à la batterie a envahi les rues de Harare, d’abord discrètement, celles de quelques quartiers, puis prenant de l’ampleur au fur et à mesure que les vidéos du duo, avec leurs instruments de fortunes, ont commencé à faire le buzz sur les plateformes vidéos et les réseaux sociaux, alors encore naissants, et avec les diffusions de copies presque artisanales de leur EP distribuées de la main à la main dans la capitale zimbabwéenne.

Et puis il y a eu le documentaire, You Can’t Hide From The Truth, une plongée musicale et intime, sur la musique du duo, mais aussi et surtout sur la relation particulière entre deux musiciens, entre un père et son fils, entre un ancien membre du Jairo Jiri Band, un des plus grands orchestres du Zimbabwe (à vrai dire, Daniel Gonora fait même parti des trois survivants des 32 membres originaux du groupe, les autres sont tous morts du VIH), qui court après ses rêves de jeunesse, et un jeune musicien, qui suit son père dans cette aventure, au risque peut-être de voir ses propres aspirations pour le futur happées par le passé de son père… Un documentaire puissant qui a permis au duo de trouver un producteur, et même deux producteurs, le zimbabwéen Bothwell Nyamondera (véritable pilier de la musique zimbabwéen, qui a produit presque tout ce que le pays a connu comme musicien et comme groupe, de Thomas Mapfumo au Four Brothers, en passant par le Jairos Jiri Band et tant d’autres) et l’américain David Aglow, d’étoffer un peu leur duo en engageant un second guitariste, Nelson “Mr Longman” Mutanda, et Malizani Mbewe à la basse, et surtout de commencer à travailler sur leur premier album à portée internationale, et au titre terrible et plein d’espoir… Hard Times Never Kill.

Oui, sur ce disque qui parait sur nos ondes grâce aux maisons The Vital Records et Dust-to-Digital, on est bouleversé par ce va-et-vient entre le terrible et le joyeux, par cet espoir de jours meilleurs qui danse avec fébrilité au bord du gouffre, oui, la musique du Gonora Sounds est terrible, à la fois terriblement joyeuse, et qui pourtant porte une précarité et une tristesse tout aussi terrible. Le genre musical dans lequel s’illustre ici la famile Gonora, c’est le sungura, une musique qui a toujours accompagné le Zimbabwé, musique mystique qui exorcise les démons et convoque les esprits des anciens, musique de résistance contre l’occupant, à l’époque où l’on appelait encore cette région la Rhodésie, et aujourd’hui musique curative qui exorcise la détresse et la misère. Hard Times Never Kill est à n’en pas douter un disque qui va marquer cette année et peut-être même au-delà, ne passez pas à côté, et si vous avez le temps jeter également un œil sur le film documentaire You Can’t Hide From The Truth.

Gonora Sounds – Hard Times Never Kill :

Trailer You Can’t Hide the Truth :

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