Toute cette histoire commence par une déambulation tardive boulevard Saint Laurent, à Montréal, celle du musicien américain Devin Brahja Waldman. Balade tranquille, jusqu’au moment où ses divagations nocturnes furent interrompues par quelques notes étranges s’échappant d’un établissement bien connu de la rue, le Divan Orange (qui malheureusement n’est depuis plus). Dedans, sur la scène, un homme, Ziad Qoulaii, chanteur marocain à la voix singulière, venu en terre canadienne pour trouver la reconnaissance méritée, qu’il n’a pas connu dans le royaume chérifien. Après cette rencontre initiale, presque du troisième type, d’autres suivront, en studio cette fois-ci, avec le claviériste Mathieu Pelletier-Gagnon, le guembriste Anas Jellouf, et d’autres musiciens, ici l’oudiste Hamza Lahmadi Kenny, là un guitariste qui vient gratter quelques notes, des guitaristes comme Vicky Mettler, Anass Hejam, ou… un certain Sam Shalabi (et si ce nom vous dit quelque chose, c’est que vous avez surement déjà entendu le guitariste égyptien dans des groupes comme The Dwarfs Of East Agouza, Karkhana, ou encore Land Of Kush). Voilà, Kadef Abgi est né, et il peut commencer à étirer les membres sonores et déconcertants de sa Diva Of Deva Loka !
Un disque enregistré d’une traite, sans filet, sans réflexion préalable, et sans retenue, laissant libre cours à l’imagination et à l’improvisation… En fait, il est difficile de décrire la musique de cet album, il y a cette voix, aiguë, qui peut presque évoquer les paysages pakistanais du qawwali, il y a cette musique qui bourdonne, qui vibre, il y a les tremblements graves et apaisants du guembri, il y a du jazz, dans la plus belle et plus libre définition du terme, il y a des vapeurs psychédéliques et des émanations de quelque chose de mystérieux, il y a du rock, mais du rock d’avant-garde, avec des guitares qui éructent, coulent, incisent, transportent, tournoient autour des orgues et des claviers, il y a même un côté « The End » de The Doors, en se plongeant dans les yeux de Diva Of Deva Loka, on voit presque les méandres du fleuve… Tiens d’ailleurs… parlons en des yeux de cette Diva bien singulière, puisqu’après les contorsions musicales, il serait injuste de ne pas citer celles, graphiques, de la pochette de cet album, dont la sortie est attendue ce 17 juin chez Akuphone. L’étrange dessin qui peut réveiller le songe d’un Cocteau est en fait l’œuvre de l’artiste iranienne Ala Dehghan.
Tout est dit, il ne vous reste plus qu’à vous qu’à écouter sans modérations cet étrange, mais captivant Diva Of Deva Loka de Kadef Abgi !
Kadef Abgi – Diva Of Deva Loka :
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