Et pendant ce temps dans le reste du monde #263

Tandis que nous traitons sur djolo.net des actualités culturelles africaines et caribéennes, les actualités musicales sont nombreuses dans le reste du monde, et dans cette rubrique simplement intitulée « Et pendant ce temps dans le reste du monde » nous vous proposons un bref tour de ce qui nous a plu cette semaine !

Rival Consoles Landscape from Memory // UK

Après une année à tourner en rond loin de son studio, Ryan Lee West — alias Rival Consoles — revient avec un album aussi instable qu’émouvant : Landscape from Memory. Neuvième chapitre d’une discographie qui n’a cessé de brouiller les pistes entre synthèse analogique et pulsations organiques, ce disque marque un tournant : celui d’un créateur qui, pour retrouver l’étincelle, a dû se perdre. Réalisé à partir de fragments sonores abandonnés, de prises de guitares granuleuses et d’improvisations captées sur le vif (dans une chambre d’hôtel ou un recoin de Lisbonne), Landscape from Memory est un journal de bord intérieur, une cartographie sensible des états de corps et d’âme. On y croise le shuffle fantomatique de « Catherine », dédié à sa compagne, le souffle hanté de « Known Shape », ou encore les battements feutrés de « Coda », enregistrés avec une batterie posée sur un canapé. Toujours à la recherche du point de friction entre abstraction et émotion brute, West signe ici l’un de ses albums les plus vulnérables, où chaque texture semble habitée d’un souvenir, d’une absence ou d’un moment suspendu. Landscape from Memory : ou quand l’électronique devient mémoire vive.

Sargeant X Comrade « Old Familiar Feelin’ » // Canada

Avec « Old Familiar Feelin’ », Sargeant X Comrade renouent avec l’élégance feutrée qui fait leur signature, entre nu jazz, soul lo-fi et spleen amoureux. Porté par la contrebasse sensible du Juno-winner Daniel Neva et la batterie subtile de Colin Adhikary, le morceau glisse comme une caresse mélancolique sur les blessures que l’on croyait refermées. Et puis, il y a cette voix, celle de Yolanda Sargeant, la « Queen of Lo-Fi Soul », qui convoque l’ombre de Billie Holiday à chaque souffle, chaque inflexion. On croit d’abord à un morceau doux, presque apaisé. Mais derrière les arrangements satinés se cache un vertige : celui de l’amour qu’on a tenté de réparer, encore et encore, pour finalement revenir au point de départ. Et c’est là, dans ce demi-échec intime, que naît une forme de paix étrange — cette sensation familière d’avoir déjà vécu cette scène, cette rupture, ce soupir. Sargeant X Comrade ne racontent pas seulement une histoire : ils l’incarnent avec une grâce sans artifice, et signent là une pièce intemporelle qui touche au cœur, tout en douceur.

HLLLYH « Dead Clade » // USA

Avec « Dead Clade », le groupe culte HLLLYH — ex-The Mae Shi, figures de proue de la scène DIY arty-punk du Los Angeles des années 2000 — signe un retour aussi fougueux qu’inattendu. Premier extrait de l’album URUBURU (à paraître le 27 juin), le morceau puise dans l’énergie brute et hyperactive qui faisait déjà le sel de leurs 300 concerts en 2008-2009. Bâti comme un récit chaotique de fêtes punk qui dégénèrent, « Dead Clade » mêle guitares abrasives, synthés sucrés et hurlements cathartiques dans une montée d’adrénaline ultra addictive. Un hymne de fin du monde, joyeusement bordélique, qui prouve que le feu sacré n’a jamais quitté ces enfants terribles de The Smell.

2MX2 « Por Aqui Por Alla » // USA, Mexique

Avec « Por Aquí Por Allá », le duo latino-ricain 2MX2 frappe fort, là où ça fait mal, là où ça fait vivre. Sur une prod qui mêle l’énergie brute du hip-hop à des pulsations latines vibrantes, ils racontent l’exil intérieur de celles et ceux qu’on regarde comme des étrangers sur leur propre terre. Les mots claquent comme des drapeaux levés face au vent : “All my people levantando siempre vamos pa’ delante” — un cri de ralliement pour une génération tiraillée entre ici et ailleurs, mais toujours debout. Entre racines revendiquées et futur à tracer, 2MX2 compose un hymne à la dignité, aux identités plurielles et à la lutte collective. Une flamme musicale, urgente et nécessaire, qui rappelle que l’on peut être déraciné sans jamais être silencieux.

Nana Rodríguez « Soneto 2 » // Pérou

Avec « Soneto 2 », la chanteuse péruvienne Nana Rodriguez tisse un poème intime et lumineux sur fond de zamacueca, ce rythme traditionnel afro-péruvien à la fois vif et chaloupé. Dans cette confession musicale, elle tente de dire — en vers et en cadence — pourquoi elle écrit, pourquoi les mots et les mélodies jaillissent. Il y a dans ce morceau quelque chose de l’élan lyrique d’un Pierre Akendengué, cette même capacité à faire danser la réflexion, à faire sourire tout en touchant au cœur. Entre tradition et confession, « Soneto 2 » est une lettre d’amour à la musique elle-même.

Johanna Linnea Jakobsson « Work » // Danemark

Avec « Work », la saxophoniste, chanteuse et compositrice danoise Johanna Linnea Jakobsson dévoile un nouveau pan de sa sensibilité musicale : une folk-jazz feutrée, habitée par la douceur et la tension de celles qui doutent en silence. Première échappée de son prochain album attendu pour l’automne 2025, ce morceau entremêle l’élégance du songwriting nordique à une mélancolie à la Norah Jones, tout en gardant la patte d’une artiste nourrie aux standards du jazz comme aux émotions brutes. « Work », c’est ce murmure intérieur qu’on tait trop souvent, ce moment où l’on se sent bloqué, incapable de demander de l’aide – mais où la musique, elle, continue d’avancer, en toute délicatesse.

Jason LaPierre « Wish I Had Known » // USA

Dans une brume de regrets murmurés et de confessions à peine chuchotées, Jason LaPierre déroule « Wish I Had Known » comme on tourne les pages d’un journal intime laissé ouvert sur un lit défait. Ce morceau, à la croisée de la soul minimaliste et d’une pop feutrée, touche droit au cœur avec une pudeur désarmante. La voix, fragile mais précise, flotte sur une production délicate, presque suspendue, qui préfère le non-dit au grand frisson. Tout est dans les silences, dans les soupirs, dans cette ligne qui revient comme un refrain intérieur : “I hope that you knew / You were always enough.” À la manière d’un Frank Ocean qui aurait troqué l’expérimentation pour l’essentiel, LaPierre nous offre ici un moment de grâce introspective, un instant suspendu où les regrets deviennent lumière douce. Une ballade pour celles et ceux qui repensent, à minuit passé, à ce qu’ils n’ont pas osé dire.

Anna Vee « Honesty » // Suède

Avec « Honesty », Anna Vee fait le choix du cœur sans détour. Sur une prod qui fleure bon le R&B à l’ancienne – beat costaud, nappes chaudes, voix en avant – la chanteuse suédoise d’origine caribéenne dégaine un hymne intime et puissant. Une de ces ballades soul modernes où l’on tranche dans le vif : dire la vérité, s’aimer soi-même, et tourner le dos à ce qui fait mal. Installée à Stockholm depuis 2016, Anna Vee affine ici son art avec élégance, entre vulnérabilité assumée et force tranquille. « Honesty » annonce la couleur : l’EP arrive en mai, l’album en octobre, et la suite promet d’être lumineuse.

Kylie Rothfield x The Rare Occasions « Where The Diamonds Hide » // USA

À la croisée de l’indie pop et du rock solaire, Kylie lève le voile sur « Where The Diamonds Hide », cinquième et dernier éclat avant la sortie de son premier album Lover Like That. C’est une chanson qui respire la liberté, une ode vibrante à ceux qui choisissent les sentiers de traverse plutôt que les autoroutes balisées du succès matériel. Portée par des guitares nerveuses, des harmonies lumineuses et un duo vocal tout en équilibre avec Brian McLaughlin (The Rare Occasions), ce morceau scintille comme un après-midi d’été qu’on voudrait figer dans le temps. Co-écrit et produit avec les membres de The Rare Occasions, le titre emprunte autant aux grooves affutés de Two Door Cinema Club qu’à l’élan lyrique de The Killers, tout en glissant quelques clins d’œil psychédéliques. Mais ce qui brille vraiment ici, ce sont les choix : valoriser la nature, l’amour et le lien humain plutôt que les paillettes d’un monde en toc.

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