Entre samples et cérémonie stambali, Ghoula vire au Bambara

Après un premier épanchement sonore et lacté qui a fait date en 2016, avec l’album Hlib el Ghoula et la tournée qui s’en est suivi, l’artiste tunisien Ghoula a repris le chemin des studios, ou plutôt devrait on dire de l’étable, où il trait la tradition musicale nord-africaine, jusqu’au en obtenir la plus substantifique moelle… euh, non, lait ! Lait qu’il distille dans une machinerie dont il a le secret, qu’il fait glouglouter à grands bouillon, qu’il passe et repasse dans de grandes cuves électroniques, jusqu’à l’écrémer, et même le Demi écrémé, car c’est là le nom de son prochain album, attendu pour la fin de l’année !

Et derrière la croûte molle formée par le lait coagulé, ont peut déjà sentir toutes les saveurs de ce Demi écrémé à venir, on peut voir la couleur prise par ce bouillon de tradition rouge et blanc dans lequel infuse le mysticisme d’Afrique (oui la phrase paraît un peu caricaturale tel qu’elle, mais on y reviendra), et on entend venir la cavalcade de percussions et chkacheks ! Et en plongeant encore un peu plus dans la marmite de Ghoula, on peut même l’entendre parler Bambara (langue mandingue principalement parlée au Mali)… enfin, c’est là le nom du premier clip issu de son prochain opus !

Sur « Bambara », ce clip qui vient nous taquiner les oreilles avec le son du lait bouilli, ne vous attendez pas à vous faire assaillir par les koras et les balafons, ne cherchez pas à discerner dans l’ombre un vieux Malien en grand bazin vous invectivant de la sorte « hé djo fais nous jouer Salif Keita ! Yen a pas? Mangala Camara alors? pfff.. non plus… alors mets la salsa au moins ! », non vous ne l’entendrez pas, et vous n’arriverez pas non plus à le distinguer, car ici, sur ce « Bambara » là ce sont d’autres genres d’esprits qui occupent les recoins obscurs, ceux du stambali. Le stambali? C’est une musique, non un culte, non, mieux, une culture, née dans les communautés noires tunisiennes, de Tunis, comme du Sud du pays, qui fait le trait d’union entres les traditions subsahariennes des haoussas, ou parfois, comme ici, des Bambaras, l’islam, la Tunisie et son culte des Saints et des marabouts, un mysticisme presque thérapeutique… et tout un tas d’autres choses… oui on vous le concède il y a des points communs avec le gnawa marocain.

Mais revenons à « Bambara », en partant d’un sample d’un des Yenna, un des maîtres du stambeli, Abd el MejidMihoub, Ghoula tisse une toile électronique électrisée par les chkacheks, fait voler des guitares et des guembri tourmentés, et fait valser des collages de voix… Dans les bruissements presque frénétiques de ce tissu fait de musique, l’artiste visuel belge Bert Juliaan Vercruysse vient esquisser les contours d’une cérémonie stambeli, et faire danser ses samples à lui, des morceaux de textile qui clignotent, des mosaïques tunisiennes qui tournoient, des tapis berbères chatoyants, et des zelliges marocains qui vibrent d’une manière presque kaléidoscopique ! Un grand tournoiement, une grande danse, une transe même, qui nous ouvrent les portes d’une grande Nuba revisitée, comme celles du prochain album de Ghoula !

Ghoula – « Bambara » :

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