Dans le panthéon des chefs d’orchestre portoricains qui ont marqué l’âge d’or de la salsa et du latin jazz, Joe Cotto reste une figure discrète, mais ô combien essentielle. Né à San Juan en 1929, formé entre les cuivres de la tradition caribéenne et les syncopes new-yorkaises du mambo, Cotto a toujours cultivé une élégance musicale faite de précision, de swing et d’une générosité orchestrale peu commune. Et si certains noms comme Tito Puente ou Machito ont monopolisé les projecteurs, c’est dans les sillons de vinyles tels que El Magnífico que l’on trouve une autre facette du feu caribéen. Bonne nouvelle : ce trésor oublié va retrouver les platines en 2025 grâce à une réédition signée Charly Records.
Sorti à l’origine au début des années 70, El Magnífico est un album qui porte bien son nom. On y retrouve tout ce que la salsa pouvait offrir de plus raffiné à l’époque : des arrangements ciselés, une section rythmique redoutable, et une voix — celle du chanteur Rafy Leavitt — qui transforme chaque morceau en un théâtre de passions, de douleurs et de joies tropicales. Joe Cotto, en bon architecte du groove, y dirige son orchestre comme un capitaine de navire dans la houle des percussions afro-cubaines, des cuivres explosifs et des chœurs qui sentent la sueur des clubs et des barrios.
Mais derrière les tempos endiablés de El Magnífico, il y a surtout une science du détail. Des montunos imparables aux intros dramatiques, chaque morceau est un hommage au pouvoir de la danse comme exutoire, et à la musique comme vecteur de fierté culturelle. À l’époque, Joe Cotto faisait plus que de la musique : il tissait un lien entre la tradition portoricaine et les aspirations modernes de la diaspora.
La réédition de El Magnífico n’est donc pas une simple opération de nostalgie. Elle permet de remettre à l’honneur une œuvre qui cristallise un moment charnière de l’histoire de la musique latine. Dans ce disque, on entend le souffle d’un peuple, l’élan d’une époque, et la classe d’un maestro trop souvent resté dans l’ombre. Il est temps de redonner à Joe Cotto la lumière qu’il mérite. Magníficamente.
Joe Cotto – El Magnífico :
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