N’allez pas croire avec le titre ci-dessus que la légende de la musique réunionnaise, Danyèl Waro, chercherait la compromission, la corruption de ses auditeurs, afin qu’il ferme les yeux sur son dernier et huitième album studio, Tinn Tout…. non, non, et non. S’il nous invite à fermer les yeux, ce n’est pas sur d’éventuels défauts du disque, non, non, et non, celui-là est à la hauteur de la réputation de son auteur (qui contrairement à celle de son idole moustachue, un certain Georges qui a d’autres époques a promené sa guitare et son insolence du côté de Sète, n’est pas mauvaise… quoique !).
Ici, on éteint tout, et on ferme les yeux pour se couper du monde épileptique, celui de la publicité incessante, du multitâche à marche forcée, de la sollicitation et du pop-up… On éteint tout, on tinn tout, pour mieux se concentrer sur le roulis du maloya, sur les mots, métisses et créoles, beaux et triviaux, de Danyèl Waro, pour se laisser prendre à ce jeu de l’insularité piquante et insolente, drôle aussi, et qui parfois semble déchirer le tissu des conventions sociales comme musicales, pour atteindre, entre deux tambours, le caractère essentiel, vibrant, de la vie. Alors là, on entraperçoit la grande trame de fond, celle que les religieux attribuent au grand architecte et qu’ils louent sans comprendre, celle que les artistes s’emploient à dévoiler.
On danse, on tremble, on rit, on pleure, et Danyèl Waro, lui, continue de chanter, et les tambours, eux, continuent de rouler… on Tinn Tout, et c’est bien.
Danyel Waro – Tinn Tout :
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