Tout est ici question de souffle et de suspension… En fait, rappelez-vous la dernière fois que vous avez fait la planche, et que le poids de votre corps a disparu, que le bruit alentour, ceux de la plage ou de la piscine où vous étiez, se sont atténués jusqu’à devenir un léger bruit diffus qui peine à gagner les pavillons de vos oreilles immergées… Ce flottement, ce relâchement absolu, c’est exactement ce que procure Tales of Tides, le second album que le saxophoniste français d’origine camerounaise Musina Ebobissé sort, pardon ressort, sous son nom de scène de Blendreed. Un disque qui invite à une immersion sensorielle, où chaque note semble onduler comme une vague douce sur le rivage, comme un clapotis sur le visage.
Oui, ressort. En fait, l’album avait initialement été auto-publié numériquement fin 2022, avant de connaître cette nouvelle sortie sur le label espagnol Tenorio Cotobade. Et il aurait été dommage de passer à côté. Car ici, tout est affaire de textures sonores et de mouvements subtils. Il y est fort agréable de laisser son esprit y vagabonder, porté par des compositions aquatiques qui semblent flotter entre ciel et mer. À la confluence du jazz et de l’ambient, le souffle du saxophone laisse planer quelques notes, le grésil léger des synthés vient submerger nos sens, tandis que des percussions discrètes viennent parfois briser la surface, comme des gouttes de pluie sur un océan immobile. L’esprit est libre de se suspendre, de dériver au gré des marées de Tales of Tides… de Musina Ebobissé, non, pardon, de Blendreed !
Blendreed – Tales of Tides :
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