Sur Nozhet El Nofous, son prochain album à paraitre le 3 juin prochain chez Simsara Records (marquant ainsi la création de cette nouvelle division discographique de l’agence Simsara Music), la violoniste égyptienne Nancy Mounir se lance dans un projet ambitieux qui chevauche les époques et les normes musicales. En fait pour tout dire, elle présente même le projet comme une communion avec des fantômes, et le titre Nozhet El Nofous peut être traduit de l’arabe par la ballade des âmes.
Mais n’y voyez pas là qu’un simple gout pour l’ésotérisme, derrière cet album se cache un véritable travail à la fois de musicien, d’archiviste, et de… chirurgien ! En se basant sur d’anciennes archives sonores, Nancy Mounir explore la musique arabe du tout début du 20e siècle, c’est-à-dire avant les années 30, dans une période d’ébullition où la musique n’était pas encore complètement encadrée par le système modal de la musique savante orientale, les fameux maqams. Mais, évidemment, des enregistrements aussi anciens sont forcement en partie altérés, laissant des vides, des trous, du grésil…
Et c’est là qu’intervient le gros du travail de la violoniste : elle explore le silence, comble les vides, circule dans ces espaces laissés entre les normes et les tons (lâchons même le mot, musique microtonale !), et réinvente une histoire autour de cette musique, ou une musique autour de cette histoire ! Comme une chirurgienne, elle coupe et tranche, isole les parties saines des parties nécrosées, comme une archiviste, elle nous met en contact avec des artistes d’une autre ère, avec Saleh Abdel Hay, Fatma Serry, Naima El Masreya, Mounira El Mahdeya, Hayat Sabry, Abdel Latif El Banna, ou encore Zaki Mourad, et comme une musicienne, elle transforme toute cette matière en autre chose, en émotions, en musique ! Une grandiose ballade des âmes, Nozhet El Nofous.
Nancy Mounir –Nozhet El Nofous :
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