Vous êtes surpris par ce titre fruité ? …à vrai dire nous aussi ! Mais on va vous expliquer un peu pourquoi on a décidé de comparer Inside Out, le nouvel album du jazzman italien Tommaso Moretti, à un kaki. À vrai dire, il y aurait beaucoup à dire sur ce disque et sur cet artiste italien qui a décidé de partir s’installer aux États-Unis, à Chicago, il y a quelques années. Un peu plus qu’un simple « Italiano In America » pour reprendre le titre qui introduit ce disque, Moretti est un musicien émérite, et un spécialiste des musiques afroatlantiques, avec une prédilection pour les polyrythmies et la samba ; mais aussi un homme, un père de famille, un ami, un professeur… alors quand la crise du coronavirus s’est abattue sur le monde, avec toutes les inquiétudes et angoisses que cela a pu susciter, le compositeur et multi-instrumentiste a lui aussi été affecté, dans sa vie personnelle comme professionnelle. Pour exorciser les mauvaises ondes du confinement, il a eu cette idée d’album, Inside Out.
Un album conçu comme un mouvement qui part de l’intérieur, avec d’abord les parties rythmiques, les batteries et les percussions tenues par Moretti lui-même, puis les lignes de basses de Ben Dillinger, et les parties guitares de Edinho Gerber, le tout composant un écrin parfait pour nous faire happer par l’extérieur, celui qui nous a manqué pendant la crise, incarné ici par les mélodies de Natalie Lande et sa flute, par le sax ténor de Jake Wark, par le vibraphone et la voix de Tommaso, ou encore par le cornet d’un certain Ben Lamar Gay, maître de l’avant-garde jazz de Chicago. Une approche musicale en couches successives en partie dues aux confinements qui ont obligé les musiciens à travailler et enregistrer séparément.
Mais alors, dans ce grand cocktail de jazz, d’introspection, de polyrythmies, de samba bateria (la section rythmique des écoles de samba), et de chanson napolitaine… où est le kaki ?! En fait, il y a une chose à savoir sur le kaki, c’est un fruit qui, quand il n’est pas mûr, est immangeable, vraiment, mais par contre, lorsqu’il commence à murir, sa chair se transforme en une purée sucrée absolument délicieuse, et dans le processus, il chasse les pépins initialement au centre du fruit, à l’intérieur, inside, vers l’extérieur du fruit, out, jusqu’à les coller à la peau… des pépins ici qui prennent le nom des trois mots d’ordre de ce Inside Out : Sentimento, Saudade, Soul !
Tommaso Moretti – Inside Out :
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