Anansy Cissé est de retour dans la lumière avec Anoura

Après une longue et périlleuse absence, le guitariste malien Anansy Cissé revient dans la lumière avec la sortie d’Anoura un nouvel album, son second, qui a vu le jour après plus de quatre années de travail, d’expériences pénibles, de drames, mais aussi avec la concorde de musicien de talents et le soutien des labels World Music Network et Riverboat Records.

Sur Anoura, il y a évidemment de la lumière, d’ailleurs son titre veut dire lumière en songhaï, il y a cette lumière dans laquelle l’artiste malien rentre à nouveau pour mettre en scène son intime, mais aussi cette lumière qui, comme un espoir tenu auquel on se raccroche, la fameuse lumière au bout du tunnel, se diffuse doucement sur le Mali. Mais il y a aussi des ombres et des souffrances, nombreuses, trop nombreuses, qui planent sur le disque. Il faut dire que le processus qui a mené à cette sortie a été long et dur.

Oui, entre le début du processus de travail sur Anoura, en 2017, et sa sortie aujourd’hui, il s’en est passé des choses, pour Anansy comme pour son pays le Mali ; une histoire trouble et liée. En 2018, alors que le Mali n’en finit pas de convulser, coincé entre le terrorisme et le tribalisme croissant, la corruption et la misère galopante, le coup d’État, et les énièmes phases de réconciliation avortées qui aboutissent finalement qu’à un peu plus de chaos. Oui, on a tous vu ses images du Nord du Mali, où une petite délégation d’officiels viennent hisser un drapeau malien en grande pompe, pour célébrer la libération de telle ou telle ville, se congratuler, puis partir, pour laisser la voie libre à tel ou tel autre groupe de rebelles ou d’islamistes, pour venir mettre à mal le drapeau, et le mât qui le soutenait. C’est donc dans ce contexte délétère qu’en 2018, Anansy Cissé et ses musiciens ont été choisi pour porter la musique et la joie dans sa ville natale, Diré près de Tombouctou, lors d’un festival pour la paix et la réconciliation… Et cela aurait pu être un moment magique effectivement, mais Anansy Cissé et sa troupe ont croisé la route d’un groupe armé, qui les a arrêtés, battus et gardés captifs. Et l’ombre de cette expérience traumatisante, pour l’esprit comme pour la chair, plane depuis sur la vie et donc sur l’œuvre d’Anansy Cissé.

L’autre drame qui a marqué la création de ce disque c’est la disparition d’un très bon ami de Anansy Cissé, un autre célèbre musicien malien, Zoumana Tereta, qui a trimballé son soku, son petit violon monocorde, au côté d’à peu près tout ce que le Mali a pu produire d’artistes renommés ces dernières décennies, d’Oumou Sangaré à Ali Farka Touré, en passant par Afel Bocoum ou le Badema National. On peut encore l’entendre sur deux chansons de cet album, enregistrées peu avant son décès, « Talka » et « Balkissa ».

On vous épargnera une conclusion caricaturale qui parle d’ombre et de lumière, et on se contentera de vous inviter à écouter ce disque, ce très bon disque, touchant aussi, Anoura de Anansy Cissé, et d’aller, si vous le pouvez l’acheter. De nos jours, et avec la situation tant sanitaire que sécuritaire ou économique qui prévaut au Mali, il faut soutenir les artistes et les encourager.

Anansy Cissé – Anoura :

Anansy Cissé – « Foussa Foussa » :

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