On l’attend comme le beaujolais nouveau, et même parfois un peu plus fréquemment que le vin français, à part que cette année la nouvelle compilation du label Analog Africa a, à nos oreilles, un goût un peu amer, faut dire qu’avec cette nouvelle compilation le label met les doigts dans un engrenage dangereux, celui de l’illégalité, celui de la piraterie… pas celle de Booba, celle de la piraterie sonore mexicaine, celle de ce disque, Super Disco Pirata – De Tepito Para El Mundo 1965-1980.
Oui, avec son dernier opus, son trente-neuvième, Analog Africa nous plonge dans le barrio le plus dangereux de Mexico, le bouillonnant quartier de Tepito, où l’on peut trouver aussi bien les meilleurs restaurants de rues de Mexico, que de la drogue ou des armes… et dans les années 80, des ribambelles de disques contrefaits de musiques tropicales en provenance du Pérou, de Colombie, du Venezuela, ou d’Équateur.
C’est donc cet engrenage de l’illégalité, celle de la contrefaçon, celle de disques pressés clandestinement, reprenant de manière indue des hits du continent que nous précipite Analog Africa avec ce Super Disco Pirata. Mais, avant de leur jeter la pierre, ou de jeter la pierre à ces pirates mexicains, et puis aussi puisqu’on n’aime pas tellement jeter des pierres sur les gens, et qu’on n’a pas envie de partir en croisade comme Metallica contre Napster fut un autre temps, il nous faut vous parler un peu du contexte !
Dans les années 80, au Mexique, le monde de la nuit est dominé par les sonideros, des petits soundsystems mobiles qui répandent la fête et la musique dans les rues, et assouvissent le besoin de danse et de langueurs tropicales du peuple mexicain… Mais voilà, problème, se procurer des disques peut s’avérer très compliqué et surtout cher, d’autant plus que lorsque vous achetez un disque il ne peut y avoir qu’une ou deux chansons d’exploitables sur le dancefloor… Alors, c’est pour palier à ce problèmes que des âmes malines et peu scrupuleuses pour le respect des droits d’auteurs se sont misent à collecter les hits latins d’ici et d’ailleurs, et les presser sur des disques, certes de qualité moindre, certes souvent au son un peu traficoté, mais taillés pour faire danser !
C’est donc cette histoire-là que raconte Analog Africa avec son Super Disco Pirata… une histoire qui s’habille de chaudes cumbias, de douces salsas et autres rebajadas mexicaines… Alors oui, l’histoire est un peu amère pour les droits voisins, mais est-ce que l’amertume n’est pas le point fort de beaucoup de mets que nous affectionnons, est-ce que frayer avec le danger n’est pas ce qui met un peu de sel et de frissons dans nos vies.
ANALOG AFRICA – Super Disco Pirata – De Tepito Para El Mundo 1965-1980 :
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