Le titre du futur album du guitariste touareg Mdou Moctar est on ne peut plus clair… après des années de lutte pour l’indépendance et la dignité de son peuple, Mdou Moctar enterre l’idée de justice avec ce disque, Funeral for Justice. Une amertume qui se ressent dans la violence et le fracas des guitares, dans les cavalcades déterminées de la batterie et de la basse, et bien sûr dans les chansons. Des chansons qui condamnent cette France coloniale qui n’a jamais rompu avec ses idées sur l’Afrique, des chansons qui condamnent les politiques corrompues et cyniques menées par des gouvernants vénaux et pervers, des hommes qui ont toujours méprisé le peuple, et plus encore le peuple touareg. Des chansons qui déplorent les ravages du terrorisme au Niger, au Mali, au Burkina, qui déplorent l’abandon de toutes les populations civiles, laissées dans la main de la violence… oui, peut être bien que Mdou Moctar a raison, et que la justice est morte, en tout cas au Sahel, et que l’on assistera avec ce disque qui sort le 3 mai prochain chez Matador Records à ses funérailles…
Peut-être bien… et en même temps… si tout espoir s’en est allé, pourquoi Mdou Moctar continue de chanter, pourquoi continue-t-il à déchaîner ses guitares avec autant de puissance, de violence ? Pourquoi ? Pourquoi peut-on sentir derrière le fracas de la distorsion et des percussions qu’il y a encore quelque chose qui anime le groupe ? Pourquoi avec la chanson « Imouhar », frères, appelle-t-il ses compatriotes à ne pas abandonner leur langue, le tamasheq ? Pourquoi continue-t-il d’appeler au changement ? Oui, il y a en fin de compte peut-être une forme de résurrection qui attend la justice au tournant de ces funérailles… il y a peut-être bien encore un peu d’espoir !
Et pour les chantres de ce nouveau panafricanisme ranci par les odeurs de la Russie, et qui pourrait voir dans les revendications vindicatives de Mdou Moctar, des destinées identiques, sachez que si le disque a été composé et enregistré avant le coup d’État au Niger, l’artiste s’est déjà prononcé dessus. Il ne soutient aucunement le coup d’État, et l’on peut dénoncer les agissements néocoloniaux de la France au Niger et en Afrique, sans pour autant aller confier les chaînes de son asservissement à un autre maître.
Mdou Moctar – « Imouhar » :
Mdou Moctar – Funeral for Justice :
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