Tallawit Timbouctou, ou la rugosité entêtante du désert

Mettre un disque produit par le label spécialiste du désert Sahel Sounds consiste, presque à chaque fois, à jeter une poignée de sable sur votre platine… non pas que celui-ci va occasionner des dégâts à votre précieux matériel, mais puisque le son de leurs productions est presque toujours abrasif, porteur de chaleur, de sable, et de toutes ces odeurs du désert : celles musquées des dromadaires, celles réconfortantes du pain chaud cuit dans le sable, comme celles parfois un peu acre du charbon rougeoyant et du thé. Et Hali Diallo, dernier disque du groupe Tallawit Timbouctou, qui vient de paraitre chez Sahel Sounds, ne fait pas exception à la règle !

Ce trio originaire, et vivant d’ailleurs toujours à Tombouctou, marche dans les traces de leurs ancêtres en perpétuant une tradition musicale vieille comme le monde, en tout cas comme le monde des Songhaï, dont l’empire a rayonné au 15ème siècle, celle du takamba. Un art des griots tamasheq qui s’axe autour du tehardent, un genre de petit luth que vous connaissez peut-être aussi sous le nom plus commun de ngoni, qui peut être joué seul, ou doublé (l’un des instruments s’occupant des lignes de basses, tandis que l’autre des parties solos), et rythmé par la calebasse et les scansions des chanteurs.

C’est d’ailleurs cette formation qu’adopte le groupe Tallawit Timbouctou, on retrouve les frères Aghaly et Mohammed Ag Amoumine dans la même disposition que les frères Young d’ACDC, le premier étant au Tehardine solo, et le second au tehardine basse, tandis que Ibrahima Maïga tambourine ses calebasses comme Phil Rudd tapait sur sa grosse caisse. Mais mis à part ça, et la lancinante distorsion qui baigne les quelque 10 titres de ce disque — oui, c’est un art séculaire que ce tabamka, mais qui a connu une petite révolution dans les années 70 avec l’apparition de l’amplification — la comparaison avec le groupe australien s’arrête ici !

Ce disque, Hali Diallo, vous plongera tout droit dans les faubourgs désertiques de Tombouctou, aux portes du Sahara, et vous vous perdrez à coup sûr ! Non, pas entre les dunes, mais entre cet entêtant questionnement des tehardent électriques, la calebasses et ses changements de rythmes soudains, et les chants et les sifflets des musiciens, qui cherchent en vous leur danseur !

 

Tallawit Timbouctou – Hali Diallo :

 

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