Ambiance d’Hammamet : Après la tempête, Ghalia Benali

Comme pour la soirée d’ouverture du Festival International de Hammamet, début juillet, qui fut annulé en raison d’un attentat terroriste dans l’ouest du pays le jour même, ce sont encore des circonstances particulières qui inquiètent sa soirée de clôture. Toute la journée les ingénieurs et techniciens du Centre Culturel de Hammamet on scruté le ciel, pour déterminer, tels les oracles d’antan, quels seront les augures météorologiques de ce dimanche 19 aout… et bon peut-être aussi les prévisions de météo marine sur leurs téléphones !

Alors que le spectacle de Ghalia Benali, célèbre cantatrice tunisienne, était prévu initialement à 22h, le ciel a passé l’après-midi à se lester d’énormes nuages noirs, chargés d’humidité et d’électricité. Et à partir de 18h, conforté par les grondements du tonnerre, ce sont des trombes d’eau et de foudres qui se sont abattus sur la petite cité balnéaire tunisienne. Mal barré.

20h30, alors que le temps est encore orageux, la pluie s’arrête. Soulagement. La décision est prise de décaler le concert à 23h, pour laisser le temps au service technique, d’éponger les consoles, essorer les spots, et faire sécher les violons !

Il est presque 23h est le monde se presse au pied de l’amphithéâtre, encore fermé, faisant ainsi le plus grand bonheur du gérant de la petite buvette qui réalise ce soir probablement son meilleur chiffre d’affaires du festival ! Il faut dire que le public est venu nombreux (pour une fois). Face à l’impatience de celui-ci, qui a épuisé toutes les distractions qu’offre cette antichambre en plein air de la culture — on regrette d’ailleurs que ce long couloir bordé d’une grande pelouse où, jouxtant la buvette, sont disposé quelques tables et chaises, ne soit pas plus animé, ou plus habillé… — le staff du centre autorise le public a aller s’assoir dans les gradins, même si les services techniques et les musiciens sont encore à courir partout pour tacher de parer aux dégâts causés par la pluie.

Et tout ce joyeux cirque — des techniciens s’activant derrière leurs consoles, tapotant les micros l’air angoissé, esquivant au passage une grosse dame qui cherche a doublé son coussin, le premier étant un peu humide, des groupes de spectateurs impatients tentant de lancer des salves d’applaudissements, ceux qui peinent à retrouver leurs camarades et qui agitent pendant de longues minutes leurs bras et leur téléphones en l’air, les photographes dépêchés par les radios et journaux tunisiens qui rodent à l’affut de leurs prochains clichés… — eh oui, tout ce joyeux cirque, vous dit-on, se joue sous un ciel encore électrique, qui illumine à intervalle régulier d’énormes et sombres tubulures nuageuses.

Pour faire patienter le public, et essayer de faire ses balances, Ghalia Benali débarque sur scène. Avec son jean moulant et ses baskets blanches, il est dur de croire que cette chanteuse, cachée derrière une touffe de cheveux frisés, et un air d’adolescente mutine, célèbre ses 50 ans cette année. Très détendue, elle plaisante avec le public, l’implore de rester encore patient, et remercie les équipes techniques du travail énorme qu’il réalise pour que le concert ait lieu ce soir.

L’image contient peut-être : 4 personnes, personnes sur scène, personnes qui jouent des instruments de musique et nuit

Minuit. Enfin ! Le groupe — un joueur de kanun, deux violonistes, un contrebassiste, un batteur et un percussionniste — est installé sur scène depuis 20 minutes, les balances touchent à leur fin, et comme pour répondre à un groupe de fervents amateurs de tarab, et probablement fan de la chanteuse, qui avait commencé à chanter à l’unisson un classique de Oum Kalthoum, Ghalia Benali arrive sur scène, dans un élégant costume tunisien, fouta et blouza, et pousse la chansonnette avec eux !

Et il faut dire qu’en matière de chansonnette à pousser, la chanteuse tunisienne n’est pas n’importe qui ! Même si tous les micros ne sont pas complètement ajustés, et que le responsable des lumières ne sait pas s’il doit allumer ou éteindre les grands spots normalement réservés pour éclairer le public (une hésitation qui durera malheureusement presque tout le concert), la voix de Ghalia Benali emporte tous ces tracas, et les deux heures de retard avec elle.

Jouant avec les mots, les tonalités, et les intonations, Ghalia Benali a fait une démonstration exceptionnelle de la profondeur de sa voix, et de son talent, sous les yeux d’un public ébahi, et, au vu de l’heure tardive, parfois aussi un peu fatigué. Et lorsque Ghalia ne chante pas, elle danse ! Tournoyant sur elle même comme prise dans une transe soufie, puis sautillant de manière enjouée en même temps que les violons déploient des volées de notes frénétiques et virtuoses, ou parfois plus lascive et sensuelle laissant les sons cristallins du kanoun, et des derboukas l’enlacer, et tournoyer autour de sa taille.

Pendant un peu plus de deux heures, la très joviale chanteuse a interprété avec beaucoup de générosité des classiques de la musique orientale, des airs traditionnels tunisiens, et, bien sûr, ses propres compositions, avant de clore, en beauté, la 54e édition du Festival International de Hammamet.

Ghalia Benali au Festival International de Hammamet :

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