Yarni réinvente la nostalgie avec Anemoia, entre Fela et trip-hop

Chez Yarni, la nostalgie n’est pas un état, c’est une science. Et Anemoia, son nouvel album, en est la démonstration éclatante : un laboratoire à ciel ouvert où les époques se mélangent, où les styles s’entrechoquent, et où chaque note transpire une mémoire qui n’a jamais vraiment existé. Le terme vient du grec, “anemoia”, cette nostalgie d’un temps qu’on n’a pas connu. Mais ici, ce n’est pas de la mélancolie : c’est du groove qui a lu Nietzsche.

Car Yarni n’imite rien, il ressuscite tout. Anemoia évoque la nostalgie des grands ensembles jazz qui faisaient trembler les amplis et les partitions, celle d’une soul tendre et lucide, d’un afrobeat qui transpire l’esprit de Fela et les baguettes de Tony Allen. Le dernier morceau, “Nino”, en est la preuve éclatante : un afrobeat orchestral, charpenté, ponctué de la trompette planante de James Atashroo et d’un moteur de moto capté par hasard ; un détail à la Yarni, poétique et bancal, qui transforme le réel en refrain.

Mais ne vous y trompez pas : Anemoia n’est pas une reconstitution vintage. C’est un album de collisions. Funk et guitares baléariques s’y frottent aux rebonds du hip-hop et aux caresses du jazz. Des cordes qui claquent, des basses qui respirent, des voix qui s’enlacent — Scarlett Fae, Franz Von, Jeff Darko, pour en citer quelques unes — et cette impression que chaque morceau est un souvenir collectif qu’on aurait rêvé ensemble.

Yarni, autodidacte de Sheffield, tire de ses quarante années de mélanges son album le plus ambitieux, un disque où la nostalgie devient moteur de création. Pas de tribune nostalgique, pas de pastiche rétro : juste un monde sonore où les années 70, les clubs londoniens et les plages méditerranéennes se tiennent la main.

En refermant Anemoia, on ne sait plus très bien si on vient d’écouter un disque ou un mirage. Mais une chose est sûre : on y était. Et c’était beau.

Yarni Anemoia :

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