Il y a des groupes qui distillent leur groove comme on verse le thé. Et puis il y a TAKAAT, qui le balance à la tronçonneuse, toutes guitares dehors, dans une déferlante de larsens et de riffs saturés. Né des coulisses poussiéreuses et électriques des tournées de Mdou Moctar, ce trio formé par ses musiciens, Ahmoudou Madassane, Mikey Coltun et Souleymane Ibrahim n’est pas un side project gentil : c’est une déflagration. Un cri brut qui prend la forme d’un disque, un mur du son nommé Is Noise, Vol. 1.
TAKAAT, en tamashek, veut dire « bruit ». Mais pas n’importe lequel : le bruit noble, dense, qui suinte du métal en fusion, celui qui sort des amplis poussés à fond dans des arrière-salles moites, celui qui claque dans les ruelles de Niamey ou de Washington. C’est le punk qui croise le fer avec les guitares du désert, avec les grooves hausa des bars de Zinder, avec le soukous rugueux des années 90 et la tension post-punk façon Fugazi. Imaginez un jam entre Unwound, Tinariwen et Gang of Four, le tout avec l’odeur du sable chaud et la fureur d’un soundcheck sous 45°C.
Le disque sonne comme un enregistrement pirate, capté sur le vif, dans un garage ou un campement. La batterie de Souleymane cogne sec, martiale, pendant qu’Ahmoudou lâche ses riffs comme des coups de machette, et Mikey fait gronder la basse avec la même intensité qu’un moteur de pick-up chargé à bloc. Tout est brut, imparfait, jubilatoire. Ça sent le DIY, les cassettes échangées, les mariages sur groupes électrogènes, la liberté sans concession.
Avec Is Noise, Vol. 1, TAKAAT réinvente les codes de la musique touarègue : moins contemplative, plus frontale, sauvage et urbaine. Une musique qui ne cherche pas à plaire, mais à exister, à cogner, à électrifier les tripes. Un manifeste électrique, un disque à écouter fort, très fort.
TAKAAT – Is Noise, Vol. 1 :
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